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mercredi 29 novembre 2017

Dying Fetus Psycroptic Beyond Creation Disentomb 15 novembre 2017 Jas'Rod Pennes Mirabeau

Après quelques mois de disette et d’errements éclectiques qui auront pu inquiéter certains lecteurs, j’allais enfin revenir embrasser mes vieilles amours putrides, le Death aux multiples formes. Avoir deux groupes dont vous êtes fan le même soir, c’est rare et c’est l’assurance de passer une excellente soirée, mais trois à la suite ! Cela ne m’était jamais arrivé. Les échos de la tournée, déjà bien entamée, promettaient une énorme tarte.
Le Jas’Rod a donc repris un agenda métallique aussi dense qu’à la vieille époque, à la suite de l’évolution du Korigan vers d’autres activités. Il n’y a qu’à voir les affiches de programmation. Et c’est bien car c’est une salle adroitement conçue, on a toujours l’impression d’être près de la scène.
Pour une fois, il y avait une affluence correcte pour du pur Death Metal, la qualité de l’affiche le justifiait. Oh, ce n’était pas complet et beaucoup de gens étaient venus d'assez loin, mais cela rappelait qu'il y a encore un public de passionnés pour ce style au-delà du revival de la vieille école à la suédoise. Le stand de merch’ était d'ailleurs bien fourni en vêtements, accessoires et restes de séries d'albums, à un prix globalement plutôt bas.

Je ne connaissais guère DISENTOMB, quatre Australiens qui avaient la lourde tâche d’ouvrir le bal des brutes. Leur style très gras remplit très bien la mission. Pour situer rapidement, cela me semblait entre Cannibal Corpse et Disgorge, avec des relents du Suffocation des débuts. Le growl était bien placé, bien guttural mais point porcin, et des riffs assez classiques mais de bonne qualité s’enchaînèrent jusqu’à entraîner les premiers pogos, assez mâles. Les changements de rythme étaient suffisamment présents et l’absence de solos ne pesait pas. Pour une fois, j’arrivai même à très bien comprendre de l’anglais australien quand le growleur faisait ses annonces. Le temps passait sans se faire sentir, il fallait se rendre à l’évidence que Disentomb est plutôt dans le haut du panier. Non pour son originalité, ni pour un trait technique ou sonore quelconque, mais parce que c’est pas mal sur tous les points, si bien qu’au final il fait du Death brutal mieux que pas mal d’autres. Les grands passionnés le confirmeront sans doute. Au bout d’une demi-heure, tout le monde était chaud.

Fan de BEYOND CREATION, je ne les avais pas manqué l’an dernier sur leur première tournée en Europe (premier report pour Metalnews, allez revoir). On pouvait s’attendre à un show assez proche pendant qu’ils refaisaient quelques rapides balances où leur niveau technique se laissait déjà voir. Après un check de poings collectif, et l’installation discrète du téléphone de Kevin Chartré en caméra pour des copains en ligne restés au pays, les Montréalais attaquèrent par un long titre, des plus marquants du premier album. C’était impressionnant de voir combien ils étaient en symbiose tout en jouissant chacun d’une maîtrise à dégoûter les débutants, le plus visible étant Philippe Boucher derrière à la batterie. Les instruments sans tête des trois autres gardent quelque chose d’intriguant, cela reste plutôt rare. Simon Girard recourut bien sûr au français pour s’exprimer, et même pour les paroles du deuxième titre dont les intonations propres à notre langue commune ressortaient mieux que sur la version studio, sans gâcher pour autant une musique si propice au dégonflement express à la première faute de goût.
Le répertoire se cala à partir d’ici sur le second album, plus varié, bien qu’un autre titre du premier soit encore interprété plus tard. La fosse se calma, tout le monde badait la démonstration de jeu et la qualité des morceaux – cette intro en tapping ! L’effet découverte ne joue plus, toutefois c’est en accumulant ces performances que le groupe s’est rapidement hissé au premier rang de l’inépuisable scène technique Québécoise. Et pourtant, le son était critiquable, trop agressif et surtout bien mal mixé. En étant vers le centre droit de l’assemblée, la basse de Hugo Doyon (en face) dominait tout et la guitare de Kevin Chartré (de l’autre côté) ne s’entendait que fort peu. Et encore il valait certainement mieux être dans mon cas que du côté des spectateurs de l’aile gauche qui ont dû pâtir de l’inverse, car une bonne basse à la ligne propre est importante dans le Death technique et spécialement chez Beyond Creation. Les éclairages, par contre, resteront les mieux faits de la soirée avec leurs jeux assez raffinés.
Omnipresent Perception/ L'exorde/ Earthborn Evolution/ Neurotical Transmissions/ The Aura/ Fundamental Process.

On sait combien les PSYCROPTIC aiment PanterA, qui vint comme par hasard meubler l’interlude et dont ils s’amusaient à reprendre les notes en cours de réglages. Ces autres Australiens tournent si souvent en Europe que j’avais décidé sans remords de faire l’impasse sur leur dernier passage début 2016 en sachant que l’occasion reviendrait vite, d’autant que c’était la cinquième fois que je les voyais. La première était même en ces lieux il y a dix ans et demi. Au fil des ans ils ont dépassé la reconnaissance d’un petit cercle de fans pour devenir un classique du style. Il faut dire que tant les bourrins que les technicistes et les amateurs de Power Thrashcore années 90 peuvent s’y retrouver.
Comme cela était déjà arrivé en 2010 au moins ce n’est pas Jason Peppiatt qui assurait le chant pour cette tournée. J’ignore qui était ce grand growleur avec son t-shirt parodique de Darkthrone, mais il savait tenir le public comme un professionnel. De plus, son timbre corrigeait les aigus difficiles du titulaire et donnait ainsi un ton plus lourd, plus puissant et consensuel à l’ensemble des titres interprétés. Il n’est donc pas pour rien dans le succès du set, la fosse se réanimant après le coup d’arrêt Techno-Death précédent. En plus cette fois, le son revenait à un volume plus mesuré et à un mix correctement équilibré permettant de profiter de la double de David Haley sans se faire trop mal aux tympans. Son frère Joe distillait les riffs typiques du groupe, tirant la gravité Death vers une accroche propre au ThrashCore de jadis.
Après avoir consacré l’essentiel du set à des morceaux extraits des deux derniers albums, l’arrivée du plus rapide "Ob(Servant)" déchaîna complètement les pogoteurs malgré les glissades sur la bière renversée. La suite avec le vieux titre emblématique "The Color of Sleep" emballait les vieux fidèles et ne pouvait que séduire les autres avec ses riffs épiques d'une qualité que le groupe n'a plus jamais atteinte. Le final revint toutefois à un répertoire plus récent. Je ne suis pas loin de croire que c'était la meilleure prestation du groupe que j'ai vu, en tout cas la plus triomphale.
Echoes To Come/ Carriers of the Plague/ Forward to Submission/ Euphorinasia/ Ob(Servant)/ The Colour of Sleep/ The World Discarded/ Cold



Depuis le temps que je suis DYING FETUS, je ne les avais jamais vus devant si belle affluence. Le temps d'installer des drapeaux de scène et d'ultimes réglages (Gallagher porte des lunettes, je n'avais jamais remarqué), suivit enfin une intro assez kitsch faisant série télé années 80… et le carnage commença. Le trio de tueurs du Maryland s'est cette fois concentré sur ses deux derniers albums, qui ont formé le gros du programme. Le public demeura tout d'abord statique, peut-être en raison de l'attaque du set sans effet spectaculaire particulier. John Gallagher s'inquiéta donc de savoir si nous étions réveillés. Mais le headbang contamina peu à peu l'assistance, symptôme inhérent à l'abus massif du mélange de Death et de HardCore East Coast qui est à la base des recettes de Dx Fx, incomparablement plus dense que ce qu'on appelle couramment le DeathCore. Et cela dégénéra assez vite à nouveau par la réapparition de la fosse, encore plus violente qu'avant.
Bien sûr, Sean et John bougent moins qu'à la vieille époque, les projections de sueur sur le premier rang ne sont plus à l'ordre du jour d'autant que la salle est bien trop grande pour devenir une étuve. Pendant quelques intermèdes meublés par des enregistrements atmosphériques oppressants, les deux compères passaient brièvement derrière les tentures. Si Beasley assure quand même une bonne partie des vocaux, les moins graves, la rigueur de John à restituer les riffs, ponts et quelques envolées est remarquable. Il attaque toujours la corde par le haut, ce qui rend chaque note distinctement audible dans le déluge, si intense qu'on jurerait qu'il y a une seconde guitare.
Le larsen persistant gênait la bonne compréhension des harangues entre deux morceaux, bridant la réactivité aux invitations diverses, à part pour les fréquents circles-pit suggérés d'un tour de bras. Les quelques titres plus anciens étaient présentés un peu plus longuement par un John décidément aussi bourru que sa musique. Le stage-diver qui sur la fin, fit une révérence à chacun des trois parvint néanmoins à lui décrocher un sourire et une réponse de Trey Williams de derrière sa batterie surélevée. L'orientation de la setlist sur la période récente n'était pas regrettable, vue la qualité des deux derniers albums et l'homogénéité du répertoire sur presque un quart de siècle déjà. L'heure de jeu approchant, la bataille s'acheva sur le classique "Praise the Lord" au groove éternel, et le culte et court "Kill your Mother" à la suite pour achever les derniers survivants à terre levant pathétiquement leurs bras rompus…

From Womb to Waste/ Fixated on Devastation/ Grotesque Impalement/ Induce Terror/ Your Treachery Will Die With You/ One Shot, One Kill/ Subjected to a Beating/ Invert the Idols/ Seething With Disdain/ In the Trenches/ Wrong One to Fuck With/ Praise the Lord (Opium of the Masses)/ Kill your Mother, Rape your Dog.

L'orga est coutumière de balancer tout de suite en fin de concert un fond musical antynomique, propre à faire fuir n'importe quel métalleux, pour faciliter l'évacuation. Cette fois ce fut Kool and the Gang ! N'en ayant cure j'ai fait un tour au stand pour prendre un peu de musique (j'ai assez de t-shirts) avant de ramasser mes cervicales éparpillées et me diriger vers le parking vue l'heure tardive.
Clairement, c'est l'une des meilleures tournées de pur Death Metal que j'ai pu voir en vingt ans de concert et peu de gens auront oublié cette soirée de longtemps. Une suite homogène va pourtant très vite venir.

samedi 11 novembre 2017

Peter Hook and the Light Paris Trianon 28 octobre 2017

Quelques semaines seulement après MetallicA nous reprenions le TGV pour une autre affiche de prestige qui avait le bonheur d'être programmée un samedi ! L'ancien bassiste historique de Joy Division et New Order était déjà passé dans ma ville il y a presque quatre ans, et même en ayant vu dans l'intervalle ses anciens compères l'envie de revivre cela me titillait bien pour lors.
Ce "Substance Tour" vise donc à promouvoir le nouveau livre de mémoires de Hookie reprenant l'intitulé des deux compilations survolant l'histoire de ses groupes, ce qui laissait présager de la setlist.
Après une longue queue je pénétrai dans l'une des salles de Pigalle que je ne connaissais pas encore, le Trianon, ancien grand théâtre qui a conservé ce cachet art nouveau, essentiellement dans la salle proprement dite, bien proportionnée avec ses deux balcons. Pendant qu'un Jésus-Christ reconverti DJ envoyait quelques vieux classiques du Post-Punk plus ou moins remixés, il y avait du temps à perdre avant d'aller se placer. Comme on devait s'y attendre, l'assistance était largement quadra et plus, souvent revêtue des diverses déclinaisons existantes de la jaquette iconique d'"Unknown Pleasures", avec quelques vrais gothiques à l'ancienne visibles. Cela sentait les quartiers est, mais heureusement pas l'abonné aux Inrocks dans toute sa prétention. Et puis quelques lycéens en bande laissaient espérer que le bon goût survivra encore quelques générations. Pour la blague, j'étais apparemment le seul habillé aux couleurs des Sisters of Mercy ce qui m'a valu une paire d'amis à usage unique.

Un peu en avance, quelqu'un de la maison s'avança au micro pour annoncer PETER HOOK AND THE LIGHT, à l'Américaine, comme s'il était besoin de pousser le public massé. Les premières notes de "Dreams Never End" s'élevèrent, rendues cristallines par un son parfait, pour ouvrir un premier set consacré à New Order. Tubes connus et raretés s'enchaînèrent ensuite, pour le plaisir des vieux fans. Hookie a un charisme rogue certain, offrant sa poitrine et son chant juste qui n'a jamais été exploité en studio, peut-être pour un manque de grain qui n'est pas gênant en live. S'il portait une guitare ou le plus souvent une basse en bandoulière pour appuyer certains passages, c'est en réalité Ian Bates - son fils issu de son premier mariage -  qui assurait l'essentiel du travail à la basse. Il la tient bas, et se montrait aussi peu commode que Papa. Cette ressemblance dans l'attitude, plus forte encore que celles des visages, donnait une illusion de double rajeuni assez insolite. Le père a d'ailleurs encore besoin d'un lutrin avec un cahier de paroles à ses pieds, plus pour se rassurer que pour être le nez dedans heureusement. Pour un sexagénaire il en remontre à la concurrence avec une énergie entièrement canalisée dans le jeu : nulle pitrerie et très peu de communication, cette austérité bénéficie pleinement à ces morceaux légendaires.
Une version courte de "Blue Monday" permettait au claviériste de se laisser un peu plus entendre de derrière son Mac, et d'ouvrir une seconde phase consacrée aux singles plus Disco Rock, bourrés d'effets, qui ont fait le succès de New Order dans toutes les boîtes des années 80. Et si on pouvait s'attendre aux incontournables, joyeusement pataud "Bizarre Love Triangle" et fastueux "True Faith", il fallait profiter des plus rares tel "Thieves Like Us", ou des tubes impensables de nos jours comme  "The Perfect Kiss". Alors qu'ils sont essentiellement rythmés à la BAR, le batteur Paul Kehoe ne quitta pas son poste puisqu'on lui laissait quelques cymbales supplétives ou compléments à la grosse caisse gérés d'un talon désinvolte et l'esprit apparemment ailleurs à moins que ce ne fût pour le spectacle. L'autre ex-Monaco, le guitariste David Potts, assura sur ces titres les vocaux les plus hauts depuis son côté. En en une dizaine de titres tassés avec un son ultra pro', il y avait la place de s'immerger longuement dans l'ambiance révolue d'une époque particulière, à l'unisson de la salle et d'un plancher qui tanguait pire qu'au Rockstore ! Pour quelqu'un qui confesse n'avoir pas d'oreille, Hookie se tournait tout le temps vers le mixeur en coulisses pour lui ordonner de pousser ou baisser tel ou tel instrument selon les titres. L'heure et demie de jeu approchant, un "1963" moins endiablé apaisa légèrement les esprits pour conclure ce set anthologique !

L'interlude fut presque aussi long qu'entre deux vrais groupes, assez pour que le staff meuble le fond sonore.
Quand les cinq Anglais revinrent, un sentiment quasi religieux traversa la foule un instant : nulle autre formation n'incarne plus parfaitement le souvenir de Joy Division. Et selon la promesse Hookie et ses sbires nous ont emmenés aux racines de la légende, par la facette la plus Punk, restituée avec rage, par la montée irrésistible de "No Love Lost" et son refrain si à propos : "I Need it !". Le Gothique redevenait dur et physique, ça pogotait allègrement, la bière volait, de faces b ravageuses en titres archi-connus un peu plus chargés d'émotion comme "Shadowplay". Le timbre de Peter correspond encore mieux à celui de son défunt ami que sur le précédent répertoire, on pouvait se croire il y a quarante ans. Même l'antique "Warsaw" ressuscitait, et le public de reprendre "3 ! 1 ! G !".
Quelques titres plus lents comme "Komakino" ou "Autosuggestion" relâchaient peut-être la pression physique mais pas l'intensité de l'expérience. De légers réarrangements ici ou là, une brève descente de toms ou une baisse de puissance pour ménager une montée en suivant, sont des effets basiques. Mais ils redonnaient vraiment vie à tous ces titres mille fois auditionnés depuis des lustres, qui se sont figés dans les mémoires comme des statues antiques, dont la beauté est tellement familière qu'on ne la voit plus si bien. C'est le miracle du live : ainsi l'enchaînement de "Transmission" et d'un hypnotique "She's Lost Control" touchait au trip mystique du vieux fan de Rock.
Pour l'instrumental "Incubation", Hook eut l'élégance de s'effacer, quitter la scène pour que ses partenaires puissent se mettre pleinement en valeur. Venait enfin "Atmosphere" dédié à Curtis, encore un titre majeur que je n'avais jamais pu entendre sur aucune scène ; et un évident "Love will Tear Us Apart" fédérateur, la scie inusable alliant idéalement mélancolie et énergie au terme duquel Peter fit mine, comme à chaque fois, de jeter son t-shirt (trempé) à l'effigie de son groupe.
Ce long concert (notamment par rapport à ma première fois) est allé fouiller en profondeur dans les œuvres des deux formations, pour le bonheur intégral du fan. Finalement, The Light se pose en bon complément d'un New Order certes encore tourné vers la création, mais fortement Dance Pop et revenu à négliger ses origines. Si la réconciliation n'est pas à l'ordre du jour, il est bien que les parties aient trouvé un accord terminant leur différend.
Dernière chose : si vous trouvez que je m'égare, vous devriez être rassurés dans les prochaines semaines.

Dreams Never End/ Procession/ Cries and Whispers/ Ceremony/ Everything's Gone Green/ Temptation/ Blue Monday/ Confusion/ Thieves Like Us/ The Perfect Kiss/ Subculture/Shellshock/ State of the Nation/ Bizarre Love Triangle/ True Faith/ 1963.

No Love Lost/ Disorder/ Shadowplay/ Komakino/ These Days/ Warsaw/ Leaders of Men/ Digital/ Autosuggestion/ Transmission/ She's Lost Control/ Incubation/ Dead Souls/ Atmosphere/ Love Will Tear Us Apart.