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jeudi 26 octobre 2017

Anathema Alcest Paloma Nîmes 14 octobre 2017

La curiosité et l'amitié de certains vrais fans m'ont amené à faire le court trajet vers la Paloma pour cette affiche éthérée assez éloignée de mes goûts. Autant j'ai beaucoup vu The Gathering à la grande époque et assez apprécié leur musique, Anathema me touchait largement moins et je n'ai plus tellement suivi ce qu'ils faisaient, même de loin. Bref, l'occasion de s'aventurer un peu sans réel danger sur une valeur connue pour sûre.
Bien d'autres sont restés avec eux depuis l'époque, vue la longue queue à la fouille. Car malgré vingt ans d'évolution ce public restait très typé Metal, mélangé à un peu de kawaii noir et quelques vrais gothiques. Un vrai succès public, étant entendu que le groupe s'est bien éloigné de tout cela en théorie. La grande salle, bien faite, pouvait accueillir ce quasi complet sans aucun mal.

Ceci dit nous étions arrivés juste à temps, ALCEST commençait son set, en formation à quatre. Dans force fumée et éclairages. Le set attaquait par des titres récents, les plus versés vers le Shoegaze, avec un son impeccable et une batterie sonnant même bien fort, préservant ainsi un minimum de puissance au rythme et permettant de confirmer l'existence du batteur, souvent perdu dans les limbes à l'arrière à l'instar du logo surplombant haut la scène. De fait, l'ambiguïté entre deux styles aux histoires fort éloignées prend une certaine cohérence esthétique, malgré les longueurs que le Shoegaze pur porte toujours avec lui. L'emploi régulier du français renforce la douce froideur atonale de cette facette acoustique. Et plutôt que de se focaliser sur ces paroles de peur d'être consterné, il valait mieux examiner plus attentivement que jamais ces mélopées et de constater qu'en réalité il y a aussi beaucoup de Sigur Ros dans ce profil. Le Grand Nord restait également présent quand les montées atteignaient enfin le Black (dans une version cependant propre sur lui) au long des compositions à prétention monumentale, un souffle épique tonifiait enfin les émotions délayées. On comprenait l'une des voies par où le Black français fascine le reste du monde. Du reste, une bonne part du public réagissait tout à fait. Neige aussi était connecté, ému de jouer pour la première fois de sa carrière aussi près de sa ville natale (Bagnols-sur-Cèze). Pour ma part… j'ai sans doute perdu depuis trop longtemps mon âme d'enfant, et encore je doute que cet audacieux croisement aurait marché à mon époque. Je regrette pour le spectacle l'emploi de samples, par exemple sur la fin du set et l'interminable délaiement de "Délivrance".

Vous pouviez aller faire un tour au merch' si vous vouliez, il était assez fourni. Nous, l'urgence était plutôt à la faim et la soif.

ANATHEMA entra dans la pénombre et le sillage de Dan Cavanagh, clope au bec et casque de retour sur la tête, sous des acclamations qui ne tarirent guère sur les premiers titres tirés du dernier album, chantés par un Vince assez à fond sur sa guitare malgré une musique qui à première vue n'y porterait guère. Question de conviction, en fait. Franchement légers, ils en tiraient au moins l'avantage d'être lisibles dès la première rencontre. Cela laissait le loisir de s'immerger dans l'important accompagnement visuel, franchement cinématique qui dura tout le long du spectacle : ciels nuageux, conduite sur des routes dans fins, voyages spatiaux… Cela avait une pure gueule d'Atmosphérique. Vince profita d'un interlude pour essayer son très bon français, effort poussé à un niveau jamais vu pour ma part de la part de n'importe quel artiste non francophone. Heureusement la jaquette d'"A Fine Day to Exit" apparut tout à coup et le set vira vers des titres plus anciens, retrouvant enfin un peu de cette tension nécessaire (à base métallique malgré tout) pour emballer. Avec ces illustrations visuelles et ces éclairages pleins par-dessus, nous étions confortablement assoupis dans le meilleur Floyd… Si Daniel avait son clavier devant lui sur son côté, Vincent devait monter à l'arrière-scène pour ses propres parties, plus élaborées en moyenne, laissant un vide assez inhabituel au centre de l'estrade. Mais peu importait, la musique était tant apaisante et lumineuse qu'une telle futilité ne pouvait guère troubler. Certains étaient en larmes. Sans en arriver là, j'accorde depuis longtemps à Anathema d'avoir su conserver son Rock Progressif très épuré, à l'instar de son modèle.
Seule Lee Douglas représentait l'autre fratrie composant le collectif, mais selon Daniel l'absence de John était simplement due à des impératifs familiaux. Le chant puissant et clair de Lee apporte une dimension supplémentaire, même s'il n'a pas le grain unique d'une Anneke. Jamie, le troisième frère roux, restait assez discret de son côté. Le set, parsemé de ces quelques plaisanteries à l'anglaise que le groupe a toujours eu l'intelligence de cultiver comme pour éviter que l'on prenne trop au sérieux une musique aussi typée, s'avança jusqu'à des morceaux un peu plus originaux comme celui relativement excité avec le vocoder qui est, de mémoire, tiré d'"A Natural Disaster". Reste que… si je ne dirais pas qu'être batteur d'Anathema est une sinécure, Cardoso est loin de devoir supporter autant de pression que ses camarades, fatalement. L'on atteignit le terme avec "Fragile Dreams", que Dan amena par une introduction piquée ouvertement à Pink Floyd (mais de quel titre exactement je ne saurais plus dire), l'interprétation globale ramenant même le morceau vers le style définitif du groupe plutôt que respectant très fidèlement le feeling un peu plus énergique de cet album. Les adieux se tinrent sous le son déroutant d'un mix entre Louis Armstrong et Radiohead, qui sentait bien la blague échangée en studio et mise en pratique pour la tournée. L'humour sauvera le monde.

Je ne suis pas rentré converti, mais j'ai trouvé Anathema à peu près comme je m'y attendais et donc assez satisfait de cette petite escapade comme chez un vieux voisin qu'on ne fréquente pas d'habitude. D'autres sont revenus très heureux.

mardi 17 octobre 2017

Today is the Day Fashion Week Black Sheep Montpellier 10 octobre 2017

Après nous être aventurés dans les grandes métropoles, nous revenions à la maison pour une affiche prestigieuse dans ce cher vieux Black Sheep. Today is the Day était déjà passé il y a deux ans pour un set explosif inoubliable, et d'autres fois il y a plus longtemps encore. Ce groupe a compté dans l'inspiration de la scène locale. Malheureusement, l'affluence n'a pas suivi pour des raisons qui m'échappent. Je ne veux pas croire que ce soit simplement à cause du football. Mais peut-être plus à cause de l'absence de première partie locale, le public languedocien pouvant être considéré aussi comme une vaste bande de gens qui aiment bien se regarder jouer les uns les autres. Naturellement, le set commença donc assez tard pour qu'il y ait un peu de monde quand même, ce qui laissait le temps de bien regarder un merchandising assez fourni pour ne pas pester contre l'absentéisme.

En ouverture le trio chevelu FASHION WEEK arrivait de New York comme entrée homogène, lancé par la batterie seule peu à peu rejointe par les autres instruments, je croyais qu'on testait les balances au début. Il s'agissait de pur Noise HC dans la lignée d'Unsane, mais avec un accordage sensiblement plus grave pour la guitare. La basse, dans cette configuration, jouissait d'un bon espace sonore pour imposer son fuzz équilibré. Le guitariste assurait le chant, essentiellement un cri aigu suggérant beaucoup de souffrance avec un timbre similaire au Black suicidaire à la Silencer, assez curieusement. Il se tenait loin du micro pour s'obliger à se pencher dessus et favoriser ce rendu. Régulièrement, des passages parlés voire chuchotés relâchaient la pression. Les titres s'enchaînèrent plaisamment, dans la pure orthodoxie du genre mais en privilégiant un peu plus la noirceur sur l'agressivité pure. Un coup d'harmonica L'assistance de connaisseurs accrocha à ce matériel de qualité et se décoinça peu à peu, une poignée de jeunes s'agitèrent, ce qui permit au chanteur dans ses rares commentaires de faire preuve d'un humour pince-sans-rire inattendu. On atteignit ainsi les trois quarts d'heure sans ennui, on n'en attendait pas tant.

J'ai beaucoup de respect pour TODAY IS THE DAY, entité rattachée à la Noise pour mieux en éclater les frontières selon son inspiration. En accord avec les paroles une vraie folie se dégage d'un répertoire fourni et assez génial au vu de la qualité d'écriture. Le pauvre Steve Austin était cette fois coincé du dos et contraint à une attitude plus en retenue, rendant la prestation plus menaçante qu'en 2015 et montrant ainsi mieux cette autre facette de son œuvre.
Cette tournée célébrait l'anniversaire de l'album "Temple of the Morning Star" qui fut donc repris en intégralité pour former l'essentiel du set. TITD oscille entre Noise, Metal plutôt Sabbathien, HC et Rock dans une tension constante et une créativité comme en n'en fait plus. Certains riffs sont franchement remarquables. Les nombreux samples parlés accroissent l'impression de dérangement mental gagnant par les oreilles. Le trio modifia plusieurs fois la répartition des instruments, certains titres n'ayant pas de guitare, beaucoup comprenant des bidouillages subtils au synthé que le bassiste assurait. Le batteur, dans son t-shirt de Joy Division, se contentait de taper fort sur des parties pas toujours simples. La variété était favorisée aussi par le format court des morceaux. Bien sûr, quelques titres tirés d'autres albums vinrent compléter le set, amenant certains purs fans au paradis. Le son, d'ailleurs, était encore une fois parfait. Arrivé au terme, Austin se lança dans de longs remerciements puis, comme l'idée lui vint, dirigea sa troupe pour une reprise fidèle et impensable de Johnny Cash… chanté par un type arborant, lui, un t-shirt à l'effigie de la pochette de "To mega therion", ce morceau de country rapide prenait une saveur unique, de celles que seuls de vrais grands artistes peuvent donner en croisant les styles selon leur intuition propre. Un projet unique, dont j'ai encore découvert ce soir des aspects que je saisissais mal, à revoir donc si Dieu le veut. En espérant que dans un avenir proche, nous revenions aux affluences de la grande époque pour des groupes de ce calibre.

mercredi 4 octobre 2017

Esplendor Geometrico Dive Apolo Barcelone 22 septembre 2017

Les frontaliers savent comme c'est pratique d'avoir pas trop loin l'opportunité de voir des tournées qui évitent la France, ou des dates plus faciles pour ceux qui bossent. Ce sont les deux raisons cumulées qui m'ont ramené à Barcelone. J'irai même plus loin sur le premier point : parfois on aime des styles ou des artistes qui marchent peu chez nous, et qui sont mieux appréciés à l'étranger. C'est le cas de tout ce qui est Electro-Indus-EBM dont les Espagnols, et tout spécialement les Catalans, sont aussi friands que les Belges ou les Allemands.
Même si la vie si intense de la ville aussi bouillonnante et touristique ne s'arrête pas, l'ambiance est étrangement pesante : les attentats qui ont bouleversé le Monde il y a un mois à peine sont comme oubliés, la tension amenée par les évolutions au jour le jour de la poussée séparatiste est quasi omniprésente. Heureusement, il y a toujours les disquaires comme on n'en fait plus chez nous dans le quartier du Raval, avec leurs clients qui ont de telles têtes de passionnés qu'on se croirait dans un vivarium. Quelques affiches de concerts proches donnaient envie de tout planter pour rester…

J'aime vraiment la sala Apolo, au bas de l'avenue Paral-lel, près du port et du "barri xinés", dans une portion où jouxtent plusieurs salles de spectacle. Le métro est juste devant, les proportions sont bien conçues, les deux bars sont pratiques, le cadre est élégant avec tout ce bois laqué, les galeries, les lustres rouges et les alcôves, et je n'ai jamais été déçu du son.

La raison de ma venue était la première partie. DIVE est le principal projet solo du Belge Dirk Ivens, qu'il développe depuis 1990 quand il n'est pas embarqué dans la reformation de l'un de ses deux vieux groupes (Absolute Body Control, the Klinik, sans parler de Sonar). Il vient peu en France et privilégie les apparitions isolées à un bon rythme plutôt que les vraies tournées. Y compris pour promouvoir un nouvel album comme maintenant, le premier depuis douze ans.
Devant une bonne affluence arrivée pile à l'heure pour l'essentiel, c'était donc seul qu'Ivens se présenta dans son éternelle tenue noire, laissant derrière lui les pupitres et ordinateurs de la tête d'affiche déjà installés. Dès les premiers instants, le son me surprit même par sa qualité : puissance, clarté, équilibre… De quoi porter au mieux le set. Dive mêle les expérimentations sonores de l'Industriel avec les rythmes de l'EBM, souvent sur plusieurs couches qui donnent une épaisseur certaine à sa musique, très homogène depuis longtemps. L'éclairage demeura constamment dominé par des éclairs saccadés, qui renforçaient fortement par le visuel la binarité du tempo. Commençant par des titres récents, Dirk attaqua assez vite de vieux classiques tout en revenant de temps à autre aux nouveaux sur des enchaînements instantanés.
À dire vrai, toute la musique était enregistrée sauf le chant, mais il se donne toujours à fond pour vivre chaque beat, chaque mot comme un violent spasme, parcourant la scène et ouvrant sa chemise à mesure... Cet abattage, la densité de la musique et le charisme propre aux grands (de David Gahan à Jacques Chirac) emballèrent une bonne partie du public à danser plus ou moins allègrement. Il n'était pas besoin de beaucoup communiquer au-delà de quelques remerciements, haletants et en nage, le temps d'une intro. D'ailleurs les textes, toujours en anglais très simple et en voix claire naturelle, contrebalancent la dureté des sons et rendent le propos pénétrable. Avec l'utilisation d'un mégaphone pour un titre sur la fin, il fut vérifié que les vocaux étaient bien réels puisque l'instrument lâcha une ou deux fois ! Au bout d'une heure à ce régime, Ivens quitta la scène sous des vivats bien mérités vu son engagement.

Foin des longs changements de plateau du Rock, ESPLENDOR GEOMETRICO ne laissa que deux minutes d'intermède avant d'attaquer ! Formé depuis longtemps en duo, ce groupe apparu pendant la période de la Transition post-franquiste est l'institution vivante de la scène Industrielle Espagnole, reconnu par toute la scène mondiale presque au même titre que les pères fondateurs qu'ils rejoignirent avec quelques années de retard. Attention : par Industriel il ne faut pas entendre le Metal-Indus à la Ministry, Rammstein ou Godflesh qui en est partiellement issu, mais bien le courant apparu il y a une quarantaine d'années pour doubler le Punk par quelque chose d'encore moins musical en apparence, de plus choquant, plus radical et plus engagé encore, plus décadent et absurde, tout en revenant pour autant vers une attitude plus artistique. Mais tous les aspects visuels étaient assumés ce soir par avec des projections à l'arrière scène, assez sobres.
En effet au lieu de se paumer dans la surenchère et l'obscénité hideuse, Esplendor Geometrico privilégie une bonne musique faite de bruits étranges, rythmée et potentiellement accrocheuse. C'est en définitive plus proche du Cabaret Voltaire des débuts que des outrances de SPK, Fœtus et Throbbing Gristle malgré une parenté évidente. Pas d'images insoutenables, ni de déguisements extravagants donc, mais toujours un son irréprochable… de quoi combler l'assistance plus largement conquise encore vu le panel de corps se trémoussant, sous l'œil de Dirk Ivens revenu blaguer au merch' avec quelques ultras. Les beats et les boucles plus ou moins subtiles répétées adroitement (sans accumuler les couches cette fois) formaient en effet une Indus assez dansante.
Cette direction s'accentua quand Arturo, membre originel, s'aventura au-devant de la scène pour sauter un moment avec ses fans. Puis il revint définitivement pour prendre le micro et assurer des vocaux. N'entendez pas par là des paroles, mais bien des cris et vocalises filtrées agressivement. Quand il mordit le micro à pleines dents, ce n'était pas de la blague. Peu après, il le tendit au premier rang où bien des gens posèrent leurs propres expectorations sur une bonne boucle, sans que personne ne tente quelque chose d'incongru ou de débile, signe que nous étions avec de vrais fans en pleine communion. Quand il quitta son t-shirt et enroula sa ceinture de cuir en cravate autour du cou, quelques-uns tirèrent bien dessus mais c'était voulu, cela fait quand même partie du style.
Après plus d'une heure bien prenante à ce régime constant, fut consenti un bref rappel qu'Arturo clôtura en conviant une jeune fille sur scène, échangeant leurs hauts et l'invitant à tapoter l'un des claviers pour produire quelques effets puis couper le son, touche d'humour à contrepied du sérieux torturé qui caractérise habituellement l'Industriel.

Assez fatigué par deux sets gentiment physiques et le voyage, je n'ai pas trop traîné après un tour au petit merch' pour regagner l'hôtel et prolonger le weekend. Le concert qui devait me faire revenir dans un mois seulement étant annulé, ce sera partie remise. Je vous emmènerai plus près en attendant, c'est tout.