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vendredi 26 mai 2017

The Walking Dead Orchestra Epilepsy 19 mai 2017 Black Sheep Montpellier

Après les déferlements de la semaine dernière, n'importe quoi allait passer en suivant pour un bal musette. Va pour un petit concert de Metal moderne français au Black Sheep sur le concept 21 heures, 5 € qui nous a autorisé tant de jolies surprises au fil des années. On ne s'étonnera pas que le public ait été jeune, nettement étudiant et jeune professionnel, celui qui a grandi avec les styles représentés ce soir. Une bonne cinquantaine de personnes au plus fort, cela me sembla correct.

En première partie les Nîmois d'EPILEPSY proposaient leur Djent dont on commence à parler dans le secteur avec un premier album. Quelques samples Prog', surtout celui du début de set annonçait bien le programme. Les moulinets à la guitare étaient évidemment au programme, mais cela sonnait quand même assez bourrin pour le genre car elles sont accordées bien bas et le chant bien guttural rend son tribut au Death à la manière de Gojira. Pour ce que je m'y connais dans le plus récent des grands courants du Metal, j'ai pensé plus à des groupes comme Veil of Maya ou Animal as Leaders pour vous donner des ressemblances. Les rythmes lourds invitaient au headbang mais n'interdisait pas le pogo par intermittences. Le groupe n'en était pas tout à fait à son premier concert, se montrait à l'aise (et en marcel) quand l'un des guitaristes fait ses blagues. Les titres sont homogènes autour d'une polyrythmie variant peu comme c'est la loi du genre.

Les cinq Dauphinois de THE WALKING DEAD ORCHESTRA ont commencé sans attendre que le public revienne en masse, sous des bures courtes qui pouvaient tromper son monde. Mais en fait c'était bien de DeathCore qu'il s'agissait, dans une forme pure et plutôt crue. Tout y était : moulinets de guitare, galopades et gros breakdowns coreux, compos assez mélodiques… Mais être encore jeune a quelques avantages : débarrassé d'effets superflus, le chant n'étant pas surgonflé comme trop souvent dans le genre. Leur DeathCore s'avérait assez violent au fil des titres plutôt bien composés, avec des relents Thrash propices à déchaîner une petite fosse, toujours autant gênée par l'imperturbable pilier central en pierre de taille.
Malheureusement, le matériel du Black Sheep n'est pas fait pour le Death et le rendu sonore en souffrait à peu près à tous les postes, alors que nous sommes habitués à une production parfaite pour les styles Noisy ou Stoner familiers en ce lieu. Et c'était notamment dommage par rapport au batteur, qui me paraît l'élément le plus fort du groupe, livrant une prestation impeccable en s'autorisant des parties que tout le monde ne se paie pas dans ce vaste courant. Le public était revenu peu à peu mais sans retrouver tout à fait l'affluence d'Epilepsy, la famille et les proches du premier groupe qui avaient fait le court déplacement n'allaient évidemment pas redescendre. Au bout de trois quarts d'heure maîtrisés et assez emballants, le groupe se retira sans rappel. Je n'ai pas traîné non plus.

vendredi 19 mai 2017

Moshfest 3 12 et 13 mai 2017 TAF Saint-Jean de Védas

Après quelques mois d'incertitude, le troisième MoshFest se tenait bien à nouveau au weekend le plus proche de la mi-mai. Cette fois pas de pont à cette date, mais cela n'empêchait pas certains de venir de loin à nouveau et d'ainsi faire quelques retrouvailles. Amis du Grind, du Crossover, du Crust, du FastCore, de Powerviolence… nous nous retrouvions pour en prendre à nouveau plein la figure. Et cette fois, j'ai fait les deux soirs.
Je chiffrerais l'affluence entre cent et cent cinquante personnes, ce qui est normal pour un festival aussi extrême. La clique de la Mosher Team était évidemment présente en nombre, t-shirts arborés. Quelques groupes avaient apporté du merch', cela fait drôle de voir des cassettes vendues comme jadis.

Il faisait encore jour quand nos MOSHPIG locaux ouvraient le bal. Le trio sans basse a envoyé son Crossover Grind avec une férocité qui donnait bien le ton, des titres très brefs en un ou deux riffs et sans temps morts entre les titres. Le set était donc moins à la blague et encore plus abrasif que d'autres fois. Le public a été long à quitter la douceur de la cour, mais une fois qu'une assistance convenable était rentrée la sauce a bien pris. Le chanteur, comme d'habitude, s'est jeté plus d'une fois dans la fosse avec ou sans micro. Je trouve que le groupe progresse à chaque fois que je les vois et quand le répertoire va s'enrichir ils franchiront un palier.
Le premier interlude, comme tous les autres, fut meublé au son de Napalm Death. Sans commentaire.

Les Nantais de TINA TURNER FRAISEUR sont un groupe assez récent, intégrant un bassiste cette fois, et dont les membres ont certainement accumulé de l'expérience dans d'autres groupes vu leur âge. Leur GrindCore était pur et dur cette fois, mais cela pâtissait un peu de pauses longuettes d'un morceau à l'autre, d'un chanteur aux annonces mal audibles, et d'un mixage qui privilégiait trop la guitare et la batterie à mon sens. À cause de quoi la maîtrise technique visible ne se traduisait malheureusement pas trop par le son. La bonne humeur et le style correspondant complètement au cœur du festival compensaient ces petites faiblesses, les moshers n'ont certes pas déserté le pit. Les pochettes de 45 tours ringards commençaient à voler dans l'assistance avec les tiges de mousse et autres bouées de bébé… jusqu'au traditionnel "paquito" méridional en version Mosh.

La première surprise du fest' a été THE ARSON PROJECT, groupe Suédois qui mêle le GrindCore avec du Sludge dans un son extrêmement propre. De telle sorte que les passages au taquet ne sont pas du tout omniprésents, mais préparés par des parties lentes, sombres et froides, assez variées, qui ne causaient aucun ramollissement. La musique reprenait un peu ses droits. Je n'imaginais pas avoir ce soir un long passage seulement batterie lente-growl, par exemple. Les moshers n'en étaient pas moins emballés, et c'était étrange de voir le pogo presque à fond sur des plans lents autour de l'imperturbable pilier central, devenant de plus en plus visqueux avec la sueur. Le son scandinave bien léché ne faisait pas très Punk, mais donnait un peu d'air dans toute cette sauvagerie. Cela méritera un examen des versions studios, qui doivent être fort ressemblantes.

Nous poursuivions la partie européenne avec les Hongrois de CRIPPLED FOX, qui était déjà passé en mon absence il y a quelques années. Avec leurs bandanas ils se déguisent comme Suicidal, et délivrent un Thrash HC qui rappellent leurs idoles de Venice, ou DRI dans leurs moments les plus speed, la basse folle en moins et la culture Skateboard à triple dose. Le son n'était pas trop puissant mais redevenait plus sale et le tempo reprenait la pleine vitesse. Ils ont de l'énergie à revendre et, bien que ce ne soit pas trop ma préférence à moi, je suis resté accroché à ce style si souvent entendu par ici malgré la fatigue commençant à poindre. N'ai-je pas ouï un riff de SOD ? L'expérience se sentait à tous les niveaux et le set parut un peu court, tant ça s'enchaînait plein pot. Demandez au service d'ordre qui s'est laissé entraîner complaisamment dans le circle pit.

Venant de moins loin que certains de nos compatriotes, les Barcelonais d'APPRAISE se sont formés sur les cendres de plusieurs autres formations. Le chanteur n'était pas très compréhensible cette fois non plus à alterner entre le castillan, un peu de français et surtout de l'anglais avec un lourd accent espagnol (mais non spécialement catalan) qui n'aide pas, bien qu'ils aient pris en affection quelqu'un dans le public. Musicalement leur Punk HardCore m'a paru assez typique de la scène du pays voisin, assez rapide mais cherchant un peu de groove dans certains riffs avec ce trait mélodique omniprésent. Nous étions dans la continuité de la première scène espagnole d'un côté, et l'autre pied chez Black Flag ou Minor Threat (voyez la veste à patch du guitariste). Le set s'est terminé il me semble sur une reprise en rappel arraché de IV Reich, un vieux classique de chez eux.

Il y a trois ans SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION nous avaient laminés. Après une longue préparation, ce nouveau passage promettait vite un nouveau carnage que les moshers ont mis quelques titres à comprendre, alors que l'oreille ne trompait pas. Avec une Gibson Flying V au son poussé et propre, des vocaux très gutturaux mais sans glaire superflue et une batterie remarquablement rigoureuse aux sonorités graves, leur GrindCore est toujours aussi métallisé et bestial. La réduction à trois membres n'a pas d'effet sur la surpuissance dégagée. Parvenus au milieu de set, ils annoncèrent au pit insatiablement déchaîné qu'ils allaient balancer leurs nouveaux morceaux pour la première fois en public. Et j'aime autant vous dire qu'ils sont encore meilleurs que jamais, ils repoussent les limites du style par des changements de tempo encore plus fréquents, une composition travaillée comme on aimerait en entendre plus souvent dans ces styles, et même un plan en moulinet lent repris deux fois dans un même titre, motif simple mais frappant dans ce déluge de violence chirurgicale. Le public leur fit un triomphe au final, la photo devrait apparaître quelque part prochainement.
Je quittai assez vite ce premier soir déjà moulu et battu comme le blé, alors que le lendemain venaient ensemble les deux légendes du Grind Français.


Pour ce second jour, j'arrivai avec mes courbatures pendant que PENDRAK jouait déjà. Les pogoteurs arboraient leurs bleus et leurs coupures, et l'affluence paraissait plus élevée ce qui n'aida pas à voir le spectacle ! Entrons. Sur un demi-set, je peux dire que le GrindCore de ces Parisiens cherche l'authenticité, la perpétuation de la tradition sans influences polluantes ni moyens de riches, ni prétentions à une radicalité quelconque. Les titres doivent prendre une minute en moyenne, et une pointe de dérision complétait la formule, bien connue mais toujours plaisante. C'était bien la base du fest'.
Au cours de cette première pause il était évident que quelques festivaliers n'avaient pas passés la journée à boire de l'eau sagement à l'ombre.

LUST FOR DEATH venait infliger ensuite la part pur Crust du weekend. Des riffs lents et macabrement déprimés typiques du style enveloppaient la section rythmique. Conformément au style, les titres des Lorrains étaient nettement plus longs que tout ce qu'on aura entendu d'autre pendant ce weekend. Le son ample, puissant mais sale, rappelait celui du Death Metal et justifiait pleinement la comparaison avec Bolt Thrower (ce qui est parfaitement cohérent quant à l'Histoire du Death britannique). Tout y était y compris l'attitude, les dégaines noires, cloutées, patchées, avec les paroles écœurées quant à ce monde qui ne va pas, justifiant le rejet de cette société, noirceur garantie. Je me demande comment le chanteur pouvait appeler cela des "chansons" ! Malgré la rareté des passages au galop la fosse reprit son bouillonnement, parce que la radicalité du Crust attire le mosher affamé.

Les Franciliens de RIPOSTE sont une formation assez récente présentant une chanteuse, aux longs dreads. Ils ont envoyé à leur tour un FastCore bienvenu pour éclaircir et accélérer l'ambiance dans le soir tombant. Le son était assez propre pour le style, le chant mixé un peu trop bas ce qui donnait une impression de légère faiblesse alors que le timbre était agressif. Quelques passages déjantés parsemaient le registre dominant à fond les caisses, sans surprises. Le pit était toujours présent, mais se réfrénait visiblement en attendant les têtes d'affiche. Et du reste le set fut franchement court, le quartet n'ayant pas encore un répertoire très étoffé.

En plus d'un nom apparenté aux précédents, VENGEANCE partage aussi le fait d'avoir une hurleuse, et un hurleur également. Anciennement connus sous le nom de Kill Yourself and Die, ils viennent d'Angoulême et mélangent pas mal d'influences dans une musique résolument belliqueuse pour autant. Les paroles alternent le français à l'anglais apparemment, et les beuglements ont laissé place aux cris passés les premiers titres. Il y a du Grind, du Powerviolence et du Crust, peut-être d'autres inspirations non identifiées de ma part. La doublette au chant apporte certes un peu de variété mais jamais l'un ne growle quand l'autre crie, ce qui pourrait en apporter encore plus s'ils voulaient bien. Cela m'a donné l'impression de partir dans plusieurs sens, au-delà d'une fureur incontestable et d'une maîtrise correcte.

Le double sommet de l'événement allait enfin être atteint. Les Alsaciens révérés d'INHUMATE ne se produisent pas souvent en France et se sont encore moins montrés dans le Midi au long de la longue histoire du groupe du bassiste Frédéric, seul membre originel encore actif. Mais ils affichent une envie prometteuse d'avenir. Pour l'occasion ils s'étaient farcis de caméras d'action fixées aux micros, instruments, plus des caméras numériques fixes pointant la scène. Un DVD est-il en gestation ?
Inhumate a gardé des traces du Death de leurs origines, dans ces compos assez lourdes et groovy, pour le riffing également. Le son grave et sec reste distinct de ce qu'envoyait SCD la veille. Une touche étrange est apportée par certains effets de Christophe au chant : l'introduction du set avec un ricanement forcé, tel titre débutant par des sanglots dans le silence… Le répertoire est homogène bien qu'emprunté à toutes les périodes apparemment. Ce Grind un peu Death est franchement bourru et emballant. La forte communion avec la fosse happa plusieurs fois Christophe, et culmina en fin de set avec l'invitation à envahir la scène, Frédéric allant lui-même chercher les derniers au fond.

Et pour fermer le ban suivait l'autre institution nationale, BLOCKHEADS, après une longue préparation et la harangue introductive de Xavier face à la levée des baguettes de mousse frétillantes. Cela faisait longtemps que je n'avais plus écouté à la maison. Leur Grind à eux reste pourtant reconnaissable rapidement, un peu plus musical avec des compos simples mais lisibles dès la première fois et un son plus Metal sans être grave, faisant penser au Napalm et au Terrorizer de la grande époque. C'est autant un plaisir pour les oreilles que pour les moshers qui jetaient leurs dernières forces avec allégresse. Ils eurent le seul braveheart de cette édition (plus Metal que Grind, ça…). Entre les titres, Xavier le chanteur casa quelques déclarations politiquement engagées (plus Grind que Metal, par contre) mais déconnectées du contexte électoral actuel, ou un hommage à leurs vieux compères d'Inhumate. Eux aussi convièrent d'ailleurs l'assistance à remonter sur la scène au terme d'un tabassage en règle et en bon esprit.

Fourbu et repu, je n'ai pas participé aux afters qui se préparaient au dehors. J'ai ma dose de Grind pour quelque temps, et le regret de ne pas aller à la tournée parallèle de Napalm avec Lock Up est à présent avalé. Le succès public est correct, pour une programmation aussi extrême et plus homogène encore qu'aux autres éditions. Toutefois il sera difficile de faire aussi bien en se focalisant autant que cette édition-ci sur la production française, à moins d'ouvrir à nouveau un peu plus sur des têtes d'affiches de styles approchants comme les années passées.

lundi 8 mai 2017

Wovenhand Paloma Nîmes 2 mai 2017

Souvent il y a un effet d'entraînement sur les concerts, on suit un compère motivé qui se porte garant et prend en main l'organisation. Je connaissais bien sûr Wovenhand, mais j'aurais hésité plus longtemps à faire le court déplacement vers la Paloma sans quelqu'un. Et puis il y avait la frustration d'avoir dû sacrifier les Chameleons à Toulouse la veille.
Dans le coucher de soleil d'un printemps précaire, je me demandais qui viendrait pour cette affiche qui avait l'avantage d'être exceptionnellement peu chère pour un artiste de renom. Quelques fans de Sludge et Stoner assez confits pour s'y être laissé prendre aussi, forcément. Globalement, le public était bien plus quadra et plus qu'étudiant et, en effet, fourni. Arrivant un peu juste à l'heure, je ne m'étendrai pas une fois de plus sur le confort de la Paloma, la qualité de son matériel et de sa programmation au fil des ans.

En première partie locale HAROLD MARTINEZ était inévitable. Ce chanteur guitariste issu du cru évolue en duo avec un batteur à l'équipement restreint, et propose un Country Rock Folk sudiste typé. L'atout maître est ce chant juste, doté d'une âme certaine, surplombant des riffs assez bons bien que peu originaux. Les paroles tournaient forcément autour de la thématique de rédemption chrétienne au cœur du style, 16 Horsepower, Nick Cave, Johnny Cash n'étaient pas loin mais peut-être sur un registre plus catholique pour ce que j'en ai saisi (ce qui détonne dans un pays à forte identité calviniste). Devant des compatriotes emplissant abondamment la salle rouge (la plus petite), le succès était acquis d'avance. Le son était impeccable, l'interprétation attentive malgré la simplicité de la formation, de telle sorte que se dégageait un groove suffisant pour taper du pied à défaut de décoller haut. Astucieusement, la set list avançait vers des titres de plus en plus lourds (en termes de Rock, hein). Je crois qu'il faudrait mûrir encore, traverser de vraies épreuves pour toucher le Ciel, mais une demi-heure à ce régime était déjà sympathique.


David Edwards et ses trois partenaires actuels de WOVENHAND entrèrent après une intro chamanique préparant l'esprit à ce qui allait suivre. Le mélange de Country, de Blues et de Rock Gothique, passait à merveille avec une production puissante propre à satisfaire le hardos de passage, et un mixage parfait comme la variété des éclairages. L'immersion était rapide dans un répertoire ample qui invite au vrai voyage, celui qui n'est pas seulement un périple exotique mais une authentique quête spirituelle. Edwards est tout fluet, bourré de tics qui parsèment ses récits entre quelques mimes, la main fermée un peu au-dessus de la tête, ou mordant son poignet. Surtout, son regard restait constamment caché par l'ombre du chapeau dont c'est d'évidence la vraie utilité. De même la distorsion forte de ses vocaux empêchait toute intelligibilité des textes, comme s'il les dissimulait également au profit d'une musique cohérente mais sans pareille. L'autre guitariste posait les quelques chœurs, tandis que le bassiste restait en retrait aux côtés du batteur. La basse tient une importance notable pour charpenter l'ensemble du son de Wovenhand, bien qu'aucun passage en arpège ne lui soit accordé.

Entre la marche avec le Christ (remarquez la croix pectorale à moitié enveloppée que portait Edwards), la danse tribale rituelle et l'histoire de saloon, c'est l'âme du Colorado rural qui s'emparait d'un auditoire captivé. La communication était minime (mais les "merci beaucoup" sans aucun accent), la communion profonde autour d'une musique dense comme bien des metalleux chevronnés finissent par le privilégier. Puis, le gourou prit une mandoline dans les mains au lieu de ses guitares, ce changement marquant un virage vers un répertoire encore plus contemplatif qui laissa très progressivement sortir quelques spectateurs à mesure que l'on s'avança vers le terme, signifié par le retour du sample tribal. Mais rapidement un rappel fut offert en revenant avec bonheur au tout électrique le temps de quelques titres. Le salut final assez étrange confirmait que nous nous étions laissés une fois encore envoûtés par l'un de ces grands timides bourrés de talent qui se subliment dès qu'ils prennent leur instrument.

Après un regard au merchandising assez fourni et quelques saluts, un peu de route n'était pas de trop pour atterrir de cette expérience. Mais si vous préférez du méchant, de l'explosif, je vous donne rendez-vous assez vite…

lundi 1 mai 2017

Siberian Meat Grinder xInquisitionx TAF Saint-Jean de Védas 25 avril 2017

Presque un mois et demi sans concert ça fait long, d'autant qu'il y a eu des renoncements comme Suicidal Tendencies. Ce soir, j'avais vu les deux groupes récemment et je savais que ça devait être bon. La pluie battante à l'arrivée divisait le public entre la salle et le préau de la cour, devant un merchandising fourni pour la tête d'affiche incluant aussi celui de leur autre groupe. Le programme était suffisamment alléchant pour rameuter tous les mordus du riff rapide, et assez underground pour laisser en dehors les simples amateurs attirés par les grands noms.

Habitués des lieux, les Marseillais d'xINQUISITIONx sont comme les trois mousquetaires puisqu'ils ont eu l'excellente idée d'intégrer un bassiste. Leur FastCore a gagné en rigueur et en densité. Ainsi, la demi-heure de set réglementaire a franchi un net degré d'intensité sans rien diminuer par ailleurs. La guitare, au son Punky comme à l'époque et sur les versions studio, emmenait la Mosher Team au triple galop. Le chanteur incarne la posture agressive mais sans prise de tête ni poses qui caractérise le style, à l'image de son timbre sans non plus glisser vers un style trop déjanté à la Vitamin X. Son bel accent donne aux annonces une appréciable authenticité. Sans les samples de certaines versions studios l'enchaînement du set passait vite en perdant peut-être, pour le coup, la petite touche d'humour évidente lors des écoutes à la maison. La fosse n'en avait cure, la férocité bon enfant accrue par la nouvelle basse suffisait à son bonheur. Un premier rappel commençait avec une reprise de Minor Threat parfaitement dans le ton puis trois autres titres, et encore un ultime très court nécessitant de recouper l'éclairage, parce que c'était un anniversaire. Cela m'étonnerait qu'on ne les revoie pas assez rapidement.

L'an dernier les Moscovites de SIBERIAN MEAT GRINDER nous avaient hachés en ouverture de Sick of It All et l'attente était donc élevée. Le chanteur courtaud est toujours masqué, et très vite l'on se redisait que New York est tout près du Kremlin : leur HC Crossover fortement métallisé et largement ouvert au Hip-Hop est dans la droite ligne de ce qui se faisait sur les rives de l'Hudson dans les années 90. Inimaginable ? Le son très propre, équilibré et puissant (deux guitares, ça sert bien), permettait de ne rien perdre de ce large mélange explosif. Le chanteur rappe très souvent dans sa veste de baseball et les chœurs mâles revenaient régulièrement (du reste de mémoire il y en avait un second également masqué l'an dernier, enfin bref). Les guitares incisives envoyaient des riffs fréquemment inspirés du Thrash le plus mélodique à la Testament sans les délayer et plaçaient quelques solos en ponts ou en fins de titre assez excellents. La basse restait tout à fait audible au milieu de tout cela et s'offrit quelques arpèges sournois typiques tandis que le batteur gérait tout ça à l'aise. Impossible de ne pas penser au Biohazard et Agnostic Front de la grande époque pour ceux qui regardaient, les moshers se déchaînant sur le sol glissant de la Secret Place autour de ce pilier qui aurait tant à nous raconter s'il pouvait parler…
Le chanteur, dans un anglais tout à fait correct et sans accent, n'était évidemment pas avare en harangues, prêchant l'unité et la tolérance envers les différents de toute sorte, ce qui prend un sens certain quand on vient de Russie où si ce n'est plus interdit, ce doit être bien moins facile que par chez nous. Ils y puisent certainement cette foi, si souvent invoquée dans la scène et pas toujours si répandue, qu'on ne peut leur dénier. Privilégiant l'impact ils n'ont offert qu'un set relativement court mais bien tassé pied au plancher.
Quel plaisir de retrouver une voiture propre en rentrant sous la pluie qui n'avait guère faibli, elle non plus. Nous reviendrons vite pour une grosse session encore plus dévastatrice, mais avec un intermède Blues au milieu.