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dimanche 18 décembre 2016

Year of No Light Pryapisme Black Sheep 16 décembre 2016

Usé par une semaine qui n'était pas finie, le ventre gonflé par un dîner excessif, je suis venu pour la première fois en tram au Black Sheep comme un petit vieux. Pour le – probable – dernier concert de l'année, c'était un rattrapage car les deux groupes étaient déjà passés en ces lieux hors de ma présence. Il était difficile pourtant de faire un plateau aussi dissemblable, en apparence.

Devant une affluence correcte, PRYAPISME semblait presque banal dans son instrumentation, ce ne sont pas trois petits synthés qui vont nous impressionner… Mais quand ça a démarré, l'ensemble dynamite, disperse et ventile. Le mélange entre Metal et BreakCore est très au point, les sonorités de Mario Kart survitaminé croisent des ponts Thrash ou Black énergiques à faire pâlir d'envie bien des trues. D'autant qu'une certaine noirceur dérangée se ressent de partout, si bien que le fameux titre en variation sur Moussorgski est d'une incontestable cohérence. Plus qu'à un Psykup au carré, c'est à la démarche de Mike Patton que l'on pensait immanquablement pour cela. L'intensité, l'imprévisibilité des titres est extrême même si le propos global sera largement cerné quand viendra la fin du set au bout d'une heure sans ennui. Cela vaudrait le coup de bien réviser les titres à l'avance pour laisser passer moins de subtilités et d'effets Manu Chao. Le jeu du bout des doigts des guitaristes sur certains plans est intéressant. En matière d'extrême et de technique, Pryapisme se pose bien.
Moi qui ne goûte guère l'humour dans le Metal je dois reconnaître m'être laissé charmer par l'humour vif du principal communicant, assez brillant pour un propos partiellement improvisé, le batteur fumeur en ayant une bonne couche aussi. L'occasion de rappeler la jeunesse Rock basque avec quelque membre de YONL (légende ou réalité ?), de casser le jeu de l'autre guitariste plus diverses plaisanteries envers Arbre ou les pires fans. Passons sur les intitulés comiques. Du chant gâcherait certainement l'ensemble. Foutraque mais léché, Pryapisme ne m'a pas déçu.

À la pause je me suis fait aborder à cause de mon t-shirt, cela faisait longtemps que ça ne m'était plus arrivé.

Après avoir pris son temps pour installer son riche matériel et vérifié des balances précises, obligeant notamment à placer le retour central dans ce qui tiendrait lieu de fosse à d'autres occasions, YEAR OF NO LIGHT s'est lancé peinard dans son set. Les Bordelais jouent bien fort une musique à présent bien en vogue, au croisement de multiples styles auxquels sont donnés une synergie improbable en théorie. Le volume sonore, par exemple, est autant propre au Shoegaze qu'au Drone. Ces riffs et ces structures rallongées peuvent être autant du Doom épuré que du Post-Rock bétonné. Certains passages légers et délicats rappelaient ouvertement Cure le mois dernier, alors que la froide noirceur irradiant de l'ensemble est incontestablement apparentée au Black le plus ouvert. Il n'est pas si courant d'avoir deux batteurs, qui ne se forcent pas mais dont les jeux se complètent (l'un des deux étant pigiste).
Une minorité du public s'était éclipsée dès le premier quart d'heure, mais je me suis coulé dedans très facilement tant ce soir une musique lourde et peu violente me convenait. Oui, je trouve ce genre de groupes aisés à écouter, sans vouloir vexer. Ce vaste mélange tient la route parce qu'au final c'est simple et facile à digérer. Un bon chanteur, de quelque scène qu'il provienne, apporterait dans ce cas une profondeur supplémentaire au tout ; mais c'est un choix artistique évidemment. Comme ces titres de morceaux à la Mogwaï francophone, pure écriture automatique, cohérente avec les émotions que le collectif transmet. Cette fois la communication se réduisit à quelques mots avant le dernier morceau, qui venaient du cœur, pour évoquer la longue histoire entre ces Bordelais et les plus anciens passionnés de notre scène Montpelliéraine. Le set s'achevant au bout d'une heure je n'ai pas traîné, devant encore me lever tôt.

dimanche 4 décembre 2016

Meshuggah High on Fire Rockstore Montpellier 1er décembre 2016

Cela avait un drôle de goût de retourner voir Meshuggah au Rockstore. C'était l'un de mes premiers concerts de Metal un peu gros, en 2000… Nous étions une quarantaine de fadas bien motivés. Et depuis je ne les avais jamais revus. Encore les avais-je ratés il y a encore plus longtemps, en 1996, lors de la légendaire première tournée européenne de Machine Head, à l'époque j'étais juste en train de découvrir tout ça. Ce soir quelques amis devaient venir, mais trouvèrent le guichet fermé ! Du jamais vu depuis l'unique date méridionale d'Opeth il y a cinq ans ! Comme je suis moins cigale et que j'avais réservé depuis longtemps, je vous propose de me suivre dans cette chère vieille salle.

En effet c'était bondé. Je ne croise pas très souvent ce grand public Metalleux moins typé, qui est pourtant le plus important, ceux qui ne sont pas spécialement fans d'extrême mais qui aiment la musique exigeante. Cette foule était assez jeune, la moitié devait être encore à l'école lorsque je voyais Meshuggah la première fois. C'est dire l'immense influence que ce groupe a patiemment étendue au fil des albums. Certains vieux requins de concerts que je retrouvais ici ne sont pas spécialement hardos.

Tout le monde connaît au moins de loin HIGH ON FIRE. En fait de Thrashy, leur Stoner Heavy demeure calé sur le mid-tempo quasiment en permanence. L'excellent son permettait de bien profiter du chant rogue de Matt Pike et de la basse qui amène un peu de groove. Il le fallait bien pour faire passer des riffs sympathiques mais assez classiques, et une rythmique qui tenait la basse altitude sans chercher à décoller. À part sur un titre annoncé d'ailleurs comme rapide, vers le milieu de set. Ce qui permit de constater que Pike a la voix aussi rauque que son chant, qu'il ne force pas. Le style est bien maîtrisé et particulièrement à la mode par chez nous. S'il n'y avait pas la place de faire une fosse dans tout ce peuple cela semblait bouger pas mal devant. Il est possible que certains soient venus principalement pour cette première partie de renom fort éloignée (complémentaire ?) de la tête d'affiche. Pour ma part je sature de ce style, trop répandu en Languedoc, heureusement que c'était fait par des maîtres qui en tiraient le meilleur.

La pause prit une grosse demi-heure, et il fallait bien ça pour se mouvoir dans toute cette presse afin de réaliser l'habituelle boucle merch' – pissoir – bar.

Sans MESHUGGAH le Metal actuel ne serait pas le même. C'est en grande partie à cause d'eux (et de tous les autres groupes qu'ils ont peu ou prou marqués) que le Metal est respecté et défendu par les musicophiles les plus diplômés. Devant le backdrop magnifique reprenant la pochette du tout nouvel album, les cinq compères prirent possession de la scène sous les acclamations après une remarquable introduction simple et cohérente, un sifflement… Le style polyrythmique si particulier qu'ils ont prôné depuis les origines semble venir d'une autre dimension, des confins de l'espace-temps ou de ce que cherchait Erich Zann (pour ceux qui ont des lettres). Le son parfaitement propre et puissant rendait honneur au timbre unique des guitares de Thordendal et Hagström. Le chant de Kidman sonnait un peu en retrait, comme sur album, mais l'interprétation était également parfaite. Les solos assez fréquents étaient à l'avenant du reste, à nuls autres pareils.

La débauche d'effets visuels était exceptionnelle pour un concert de Metal, plus digne d'un festival Electro en club. Très loin du service habituel dans le genre, et encore plus de ce que c'était la dernière fois. Ce light show avait cependant comme inconvénient que l'on distinguait mal les musiciens, alors que le spectacle de leur jeu serait aussi captivant. Mais ce n'est pas ce qu'ils veulent, certainement. C'est à rapprocher avec la communication minimale de Kidman, tout est lié dans cette géométrie musicale non euclidienne. La puissance de ce machin restait suspendue parfois quelques instants lorsque passaient les parties de guitare claire, tout aussi froides.

Le public rangé en sardines hochait la tête en cadence ou de façon plus démonstrative vers le devant. Quelques téléphones tentaient de capter le spectacle mais avec la barrière du light show cela ne ressemblera pas à un concert de Metal classique. Du reste, pas mal de gens manifestaient leur dévotion en faisant des cœurs avec les mains parallèlement aux cornes traditionnelles… encore du jamais vu à un concert Metal pour ma part.

Ne connaissant pas précisément le répertoire du groupe, la régularité des morceaux piochés au long de leur carrière m'amènera à saluer l'exceptionnelle réussite artistique de Meshuggah. Ils ont bâtis leur succès sur une parfaite intégrité musicale, sans jamais dévier de ce qu'ils voulaient faire depuis le départ, aucun compromis. Les titres finaux plus anciens du rappel, certains déjà présents dans le répertoire en 2000, le démontrent. C'est ainsi que le jeune groupe original dans un style à la mode il y a vingt ans est devenu un guide, suscitant des milliers de vocations musicales à travers cette planète.

Après un set d'une heure et demie, l'hybride mal identifié se retira vers l'infini et au-delà. Les yeux pleins de couleurs du show, j'ai attendu un certain temps que ça se vide un peu pour aller récupérer mes affaires. Reprendre pied dans un monde normal aux lois physiques familières le nécessitait bien aussi.