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mardi 27 septembre 2016

Moonspell Mephisto Rockstore Montpellier 24 avril 2007

Affluence correcte sans plus pour la première venue du plus connu des groupes portugais à Montpellier (Fernando ne savait plus trop). Mais ce qui était étonnant surtout c'était la très forte part de public féminin. Et pas des lycéennes fans de Manson, des filles adultes. On sait bien qu'elles ont progressé ces dernières années mais là, c'était du jamais vu, je crois qu'on était aux alentours de la parité parfaite ! À méditer en rapport avec profil la tête d'affiche.

Le groupe d'ouverture local était MEPHISTO. Je ne connaissais pas ce groupe biterrois, cependant il semble qu'il y ait des membres de Darkshine – autre groupe local, mais de Black. Ce quintet avait drainé pas mal de monde et proposait un Doom-Rock avec beaucoup d'influences Prog'. Le timbre du chant rappelait Chris Cornell ce qui était assez cohérent. Le son était potable mais sans finesse. Les titres assez lents et longs n'étaient pas très complexes, les motifs Prog' étaient typés mais pas démonstratifs (c'est notamment valable pour les claviers). Les guitares rythmiques étaient toujours présentes et le batteur solide, ce qui fait qu'on ne peut pas les accuser de mollesse. Mais le ton indolent de leur répertoire, en dépit de quelques passages plus rapides, n'est pas trop ma came. Le public, en bonne partie acquis à l'avance, n'en a eu cure et leur a fait un beau succès.

MOONSPELL n'intéresse pas tellement la jeune génération alors que c'est un groupe important, qui a beaucoup contribué à la reconnaissance de l'Europe latine dans le petit monde du Metal et qui est emblématique de ce qui fut la tendance dans les dernières années du XXe siècle. Après une intro dans la brume, entrent un gros kobold à la batterie et quatre elfes noirs des terres du Sud. Vêtu d'un fin manteau rouge pour le premier titre, Fernando a un vrai charisme, énergique et captivant. Prenant fréquemment le pied de micro en main, il s'est essayé à parler un français plus qu'approximatif mais compréhensible et somme toute courageux, pour revenir à l'anglais sur le dernier titre et le rappel. Comme il se doit pour le Live, la batterie et la basse étaient un peu plus poussées que sur les albums. Mais la lead guitar est restée longtemps sous-mixée sauf vers la fin. Conformément à l'option du dernier album, le groupe a proposé un répertoire tirant pas mal vers les temps anciens, avec beaucoup de titres tirés de "Wolfheart", "Irreligious" mais aussi "The Antidote". Ainsi "Opium" a été jouée assez vite, vers le tiers du set, et "Alma Mater" joliment enchaîné avec "Vampirian". "Mephisto" aussi a été joué, sans lien avec la première partie qui avait été dûment saluée quelques titres auparavant. Moonspell ayant une discographie assez fournie aujourd'hui, j'ai l'impression que certains albums sont entièrement passés à la trappe. Ce retour en arrière laisse mieux sentir les racines Black. Pourtant, c'est l'un des rares qui puissent revendiquer une part d'inspiration authentiquement Gothique, plutôt qu'Atmo' ou Sympho. L'aspect plus moderne des albums précédant "Memorial" est donc moins présent. Mais cette facette Golgoth' (assez inattendue de la part d'un groupe aussi méridional) reste très classique, romantique, sensuelle et fantastique. Et Fernando de nous raconter des histoires de vampire et de jeune fille sommeillant innocemment la gorge dénudée, suggérant de ses mains la chauve-souris qui volette… Voire, les barbarismes dans sa douce et mâle voix contribuaient au climat inquiétant.
Le gros fan de Death trop habitué aux éclairages basiques a beaucoup apprécié le travail sur les lumières, les couleurs alternées (bleu profond, rouge ardent, vert vif), les focalisations sur Fernando formant contrepoint. Cela contribue beaucoup à poser une ambiance, avec cette toile de fond de cimetière sous la lune. On regrettera juste un usage trop appuyé des éclairs au néon. Il y a eu aussi beaucoup de fumée tout le long, un brouillard généreux qui figeait ces éclairages.
Le public, enfin, s'est montré très enthousiaste et réactif aux sollicitations, comme de dignes fans. Se voyant aimés, les Lusitaniens ont facilement concédé un rappel annoncé par un bon focus sur la lune du fond surnageant des brumes…

À la croisée des frontières entre Black, (vrai) Gothique et Doom, les ex-Morbid God se sont taillés une place. N'étant plus un groupe à la mode, ils peuvent avancer sans peur et sans reproche dans un style dont ils sont les seigneurs.


These Arms are Snakes I Pilot Daemon Baloard Montpellier 1er mai 2007

Au terme d'un premier mai maussade, la petite cave du restaurant "le Baloard" a accueilli une nouvelle fois un assez bon nom nombre de personnes pour le concert de ce soir. Le trio local de BREATHE YOUR DIRT, qu'on voit souvent, ouvrait à nouveau la partie : batterie, basse, chant et surtout pas de guitare. C'est de la pure sauvagerie, une espèce de Grind barré axé sur les rythmiques en essayant tous les plans possibles avec une batterie et une basse. C'est aussi agressif que basique, un retour aux racines de l'esprit Punk, en quelque sorte. Cette violence se retrouvait aussi dans la performance scénique, le bassiste et surtout le chanteur sautaient partout, allaient régulièrement dans le public et se faisaient quelques blagues pendant les pauses. Mais ces gesticulations achevèrent le micro, qui était déjà trop peu poussé et grésillant. Le batteur relayait parfois a capella le chanteur à la fin de certains titres. Dans cette tempête, il y a une certaine efficacité pour ouvrir un concert mais c'est limité sur le concept. Je ne vois pas tellement d'intérêt hors de l'exercice Live. Un ami venu avec moi comparait cela au vieux No Means No.

Avec le quartet toulousain I PILOT DAEMON, c'est enfin l'entrée en scène de la gratte. Ils ont l'air bien jeunes et ils proposent un Noise qui n'a pas oublié d'être efficace. Ils en voulaient tellement que le batteur a explosé la caisse claire dès le premier titre ! Mais la tête d'affiche a prêté la sienne. J'ai eu un peu de mal avec le son de guitare, tellement rêche sur les premiers titres, mais cela s'est montré pertinent à mesure. Ce souci d'efficacité se montrait notamment quand la guitare va chercher des plans dans les aigus dans presque chaque morceau, simples et catchys, parfois galopants, tantôt vrillants. Cela donnait aussi un morceau avec une longue intro en arpèges, lente à monter mais qui captive patiemment l'auditeur pour la suite du titre. Comme tout jeune groupe, ils ont les défauts de leurs qualités ; par exemple avec le plan final du dernier titre, accrocheur certes mais un peu trop délayé. Bref, leurs compositions n'offrent qu'une apparence de désordre puisqu'une idée pouvait se dégager de chaque titre. Mes références sont lointaines mais cela m'a plutôt rappelé Fugazi ou Quicksand qu'Unsane, par conséquent. Le set a été un peu gâché à nouveau par le micro qui grésillait toujours.

THESE ARMS ARE SNAKE au final a donné un show très conforme à celui de Paris – si j'en crois le report de cet auguste site. Le bassiste s'occupait aussi d'un petit synthé Korg et le chanteur gérait de son côté un petit set à effets avec un touchpad. Il avait deux micros dans lesquels il alternait ; il y avait probablement un effet recherché mais comme l'un et l'autre ont grésillé tout autant qu'avant, on a à peine distingué ses braillements. La basse était bien poussée au mixage. Les quatre compères se sont donnés à fond tout en jouant parfaitement. Le chanteur a fini à moitié nu et trempé de sueur, suivi de près par ses camarades sautant eux aussi de partout de manière beaucoup plus énergique qu'agressif. Sauf le batteur qui a donné une grosse performance (selon des critères différents des batteurs Metal). Ce dégagement d'énergie est à l'image de leur musique intense et furieusement déjantée… mais pas si déstructurée qu'en apparence. C'est sur ce point que j'ai trouvé la ressemblance avec Botch (le groupe dont vient la moitié des membres), malgré la différence de style au profit d'une musique plus aérée – si j'ose dire – et plus immédiate. Autant de preuves d'un grand talent de composition. Le set a été assez court et aucun rappel n'a été consenti. L'affaire était entendue mais on en aurait bien pris un de plus. Cela s'expliquait certainement par le fait qu'ils ont logiquement dû jouer le même répertoire que sur les dates très récentes où ils n'étaient pas en tête d'affiche.

Une fois encore, la faiblesse des grosses affiches de Metal extrême à Montpellier peut être rattrapée sur le HC.

Oxbow Isis Rockstore Montpellier 4 juin 2007

Je vous l'ai déjà dit, Montpellier est une ville plus coreuse que metalleuse et cela va encore se vérifier ce soir : alors que les quelques concerts Metal organisés tombent à l'eau, Converge et 25 ta Life viennent d'ici un petit mois. L'une des trois pointures du Post-Core parvient à remplir à moitié le Rockstore, le double de Moonspell le mois dernier. Le concert a eu un entrefilet et un encart sur la une du quotidien gratuit local. Quand on apprécie le HC, c'est du bonheur d'être gâté comme ça mais pour le metalleux, la comparaison fait mal. Il y avait quelques trombines de bon beumeux dans le tas.

Jusque là, OXBOW m'évoquait surtout une marque de t-shirts à la mode lors de mon adolescence. Je ne connaissais rien au quartet en tournée plus ou moins acoustique. D'une moyenne d'âge mûr, il porte un chanteur noir au physique imposant, complètement jeté, au charisme étrange et captivant. Arrivé en veste et cravate, celui-ci va se dévêtir au fil des morceaux jusqu'à ne garder qu'un marcel noir et un caleçon tout en demeurant très concentré sur sa performance. Sa voix chaude caractéristique offre une dimension intéressante à une musique plus Post-Rock que Post-Core. On regrettera un mixage hasardeux qui le poussait trop fort et empêchait de jouir pleinement d'un chant qu'on devinait plus pur sans l'intermédiaire d'un micro mal réglé. La musique autour est classique et bonne dans le genre, cultivant une relative simplicité à mon sens. Pas le style que j'écouterais chez moi mais très appréciable le temps d'une rencontre.

ISIS a beaucoup tourné et s'est présenté comme un groupe pro un soir de fatigue. Ils se sont donnés honnêtement mais sans être à fond, ne donnant pas de rappel alors qu'il y avait le temps. Le son était d'une propreté notable, comparable au rendu studio, ce qui lissait l'ensemble. J'ai essayé une demi-heure mais je n'ai pas réussi à rentrer dans leur musique. J'aime le Post-Core, mais celui de la bande d'Aaron Turner n'a pas le quotient de noirceur d'un Neurosis ou la froideur de Cult of Luna. En fin de compte, c'est vrai qu'il y a une petite influence Tool. Voire, les compos m'ont paru fort convenues, prévisibles jusque dans les envolées acoustiques et les fins brutales (ou alors c'est que j'ai déjà trop bien assimilé les règles du genre) et trop ressemblantes entre elles. Les bons passages ne manquent pas, mais jamais je n'ai trouvé une surprise qui accroche mon attention ; tout au plus l'un des derniers titres avec un riff lourd, groovy et basique répété. En discutant avec des amis retrouvés sur place j'ai pu voir que je n'étais pas le seul à rester sur une certaine réserve, mais le succès ne s'est pas démenti si l'on en croit les acclamations du public qui se trémoussait au long des rythmiques berçantes, et l'affluence au stand à la fin.

Une bonne soirée, mais dont je retiendrai probablement surtout les retrouvailles et l'after qui n'avait rien à voir.

Capricorns Lair of the Minotaur Baloard Montpellier 18 juin 2007

C'est bien les concerts en ville, on n'a pas besoin de prendre la voiture, surtout quand elle est en panne… Ce qui était bien aussi ce soir, c'est qu'on allait enfin voir du Metal, chose qui recommence à se faire un peu rare sur Montpellier où la scène HC est bien plus active. D'ailleurs, ce concert était encore organisé par Abel (Spinningheads, Morgue…) ! Le fond Coreux était présent dans le public mais la majorité plus marquée Doom ou Stoner, noire et velue.

LAIR OF THE MINOTAUR est un trio américain qui a déjà fait deux albums dans le style typé mais pas saturé du vrai Doom. Débutants avec un titre dont le riff reprend quasiment celui du célèbre "Scum" de Napalm Death, ils ne rigolent pas, c'est sincère et presque aussi obscur que le Black même si c'est moins agressif. Un Doom pur et orthodoxe, très noir, bien repris mais pas original. C'est lourd mais pas aussi suffoquant que les maîtres du genre. Il faut dire que leur son n'était pas distordu et bien peu poussé. Le chant était correct, parfois le bassiste faisait chœur. Il y a quelques riffs assez Heavy et une attirance pour l'occulte, deux traits fréquents dans le genre. Par contre, ils n'hésitaient pas à décoller vers quelques accélérations par moments, qui renforçaient le rattachement à la tradition du Metal bien sombre. Ça roule mais le public a moyennement apprécié, trop Metal extrême pour les Coreux et trop peu surprenant globalement même si je ne vois pas ce qu'on pourrait vraiment leur reprocher.

Les quatre Londoniens de CAPRICORNS ont des dégaines pas possibles avec leurs bandanas sales. On les aurait plutôt cru sortis de deux mois de séjour solitaire dans une cabane des étangs du bord de mer, à fumer au soleil les tamaris et les ajoncs. J'ai été surpris de les entendre jouer un Stoner clair et net, sans vocaux, sonnant mieux. Leurs titres sont plus élaborés avec des intros en arpèges ou mélodiques, puis généralement une entrée brutale dans le corps du titre ensuite. Il y a aussi un équilibre idéal entre la rythmique et la lead guitar, qui mènent ensemble de très bonnes montées débouchant ou prolongeant des riffs parfois remarquables. Comme m'a fait remarquer un ami, la batterie ne joue pas tellement un rôle de cadre, pour une fois ce n'est pas le batteur qui fait tout. Il suit l'ensemble et le ponctue presque comme un simple accompagnement aux parties rythmiques. Quelques vocaux rauques ont été posés vers la fin du dernier titre. Le micro n'avait servi qu'à diffuser quelques blagues bien anglaises. Pas de rappel mais un vrai bon moment bien rétro dans l'esprit, moite, poilu et pachydermique.

Converge Rise and Fall Animosity Rockstore Montpellier 28 juin 2007

Belle affluence au Rockstore pour la dernière grosse affiche de l'année scolaire. On y retrouvait des amis et quelques têtes connues des scènes Metal et HC locale ; certains regrettaient pourtant qu'il n'y en ait pas plus encore. C'est vrai que SOIA avait ramené un peu plus de monde cet automne, mais il faut quand même se souvenir qu'on a du mal à drainer autant du côté du Metal plus classique, dans le coin… Ça s'annonçait bien pour exorciser une journée prise de tête.

ANIMOSITY est le groupe de cinq Californiens qui doivent avoir vingt ans à tout casser. Pourtant, on jurerait qu'ils débarquent de la Côte Est. Sans crier gare, ils ont envoyé du gros HCNY à l'ancienne largement coupé de Death Metal. Les guitares vrombissaient et la batterie tabassait. Le chant était carrément Death mais mal rendu, trop faible et peut-être aussi que le chanteur tenait son micro trop loin. Mosh-parts vieille école et même blasts-beats assez réguliers, vous l'aurez compris, on n'était vraiment pas loin de Dying Fetus. La paire de solis esquissés demeurait bien basique mais renforçait cette similitude en dépit des dégaines pas du tout métalleuses. Entraîné par la puissance implacable des rythmiques des guitares, l'assistance a fait très bon accueil à cette première partie qui valait le détour, dont les membres ont certainement déjà une bonne expérience de la scène derrière eux tant ils sont à l'aise car ils se sont donnés entièrement, dans le genre velu. Je pense faire un tour sur leur Myspace pour me faire une idée plus précise parce qu'on tient au minimum un bon groupe dont on reparlera à coup sûr. Et pas seulement à cause de ces t-shirts façon vieilles pochettes années 80 dessinées à l'arrache et qui reviennent bien à la mode.

Les Gantois de RISE AND FALL venaient ensuite. Ils ont été gratifiés d'un très mauvais son. Alors, on a essayé de se raccrocher aux compos, en vain. Ce sont toujours les mêmes schémas et rythmiques classiques du HC vieille école qui reviennent, sans surprises ni passages apaisés, ni originalité. Prenant parfois quelques poses bizarres, les Flamands se sont essayés à un français approximatif. Trop convenus et mal servis par ce fichu son qui transformait la batterie en casserole et les guitares en égoïnes, les Belges n'ont pas fendu l'armure. L'étalage de fureur était trop constant, trop continu et convenu pour toucher l'auditeur et l'ambiance est un peu retombée. Dommage.

On avait peur pour le son de CONVERGE mais ça allait, les gars sont venus faire leurs balances eux-mêmes. Toutefois, des problèmes de micros ont empoisonné la performance au chant (vieille spécialité maison qui ne fait plus rire). Le chanteur peroxydé et tatoué était complètement jeté à sauter partout. J'ai eu juste le temps de me tirer du pogo qui s'est formé dès le deuxième titre "No Heroes". Le public était quadrillé de connaisseurs. Pas mal de titres éponymes des albums précédents ont été joués pour  retracer une histoire riche en une soirée. Dommage de ne pas avoir encore mieux révisé car bien connaître les titres est un gros avantage pour profiter pleinement d'un live aussi intense. Il a fallu faire une pause à mi-concert pour s'occuper du micro, le chanteur n'en pouvait plus. Mais comme un grand groupe, ses compères ont su retourner le temps mort en s'essayant au français puis improvisant un petit titre Crust braillé par le jovial bassiste ! Comme pour se faire pardonner, Jacob n’a pas manqué de faire chanter régulièrement le premier rang.
Converge a su éclater les règles, les canons d'écriture du HC pour créer du nouveau et trouver un écho jusqu'au-delà de sa famille d'origine. Violent et bourré de sentiment à la fois, rapide et très changeant, le HardCore nouveau qui exige certaines qualités techniques. À la différence d'autres qui frisent trop souvent la démonstration prétentieuse et l'originalité insincère par des sonorités plus variées, Converge envoie brut. Tout est dans le riff. En fin de set c'est la grosse caisse qui a failli lâcher, sans entamer la bonne humeur du batteur. Cela n'a pas empêché non plus un rappel avec "You Fail Me", titre ralenti, obsédant et dérangé à souhait.

Restant discuter avec les fans, le combo se disait très satisfait de sa soirée en dépit des galères de chant. On peut partir en vacances tranquilles…


Paradise Lost Havana Café Ramonville 15 septembre 2007

Je n'avais pas tellement prévu d'être là ce soir bien que je fus sur Toulouse ces jours-ci. L'affiche originale avec Pain et Swallow the Sun était beaucoup plus alléchante, et j'avais déjà vu Paradise Lost trois fois alors que je ne suis pas un grand fan. Mais cette année je suis en manque de concerts même un peu chers comme ce soir, et plus spécialement en ce moment j'avais besoin de bon son tristounet pour épancher une mélancolie passagère. Beaucoup de raisons de venir, en somme.
Le Havana Café est une boîte de nuit aménagée dans un hangar, à la déco' imitant un patio andalou ou latino-colonial. L'affluence de tous âges s'est montrée nombreuse, grossissant rapidement à mesure que le premier groupe donnait son set.

Ce premier combo était NEUROSONIC. Ce quartet se présentait dans un look Glam, vestes déchirées à patches et motifs, t-shirts, jeans usés, cheveux noirs à la mèche tombante gominée. Ils jouaient un Rock simple, avec un son très propre et plutôt Metal pour les guitares. Des riffs efficaces et basiques répétés à longueur de titre s'accordaient à un jeu de scène pas statique du tout. Je rapprocherai leur répertoire de Stone Temple Pilots ou Velvet Revolver en moins élaboré. Pourtant, ils utilisent souvent des intros samplées qui les rapprochent plus du XXIe siècle que de la nostalgie du Glam' des années 80. Le chanteur essaya quelques blagues et même s'il en fit un peu beaucoup, gagna une certaine sympathie. Ils ont dû changer de guitares entre chaque titre, sans exagérer. Assez expérimenté et d'une humeur joviale totalement à l'encontre des attentes, le groupe eût la chance que sa position lui épargna le titre de trop, se retirant en laissant juste sur l'impression légèrement positive qui précède l'ennui.

Le second groupe était UN AUTRE QUARTET, ALLEMAND d'origine et dont je n'ai pas saisi le nom. Il y avait deux filles plantureuses, l'une brune (?) à la basse et l'autre blonde (???) au chant. Ils proposaient un Heavy assez mou, n'arrivant jamais à accélérer. Le timbre de la chanteuse était juste à défaut d'avoir quelque charme. Un clavier était mal planqué sur la gauche de la scène et envoyait régulièrement des notes prétendant scintiller comme le ciel du Nord étoilé… Je me suis vite ennuyé et j'ai préféré rejoindre Emmanuel (Metropolis) et Fabrice à une table au fond. À aucun moment je n'ai perçu un plan quelconque m'invitant à y reporter mon attention, un solo de guitare par-ci par-là…

PARADISE LOST arriva enfin et porta le niveau bien plus haut dès l'intro. Par un effet de la grâce, les conditions techniques ont été parfaites et Nick Holmes a chanté plus juste que jamais. Je regrette que la guitare rythmique n'ait pas été un peu plus lourde mais il faut reconnaître que le son choisi, en parfait accord avec celui du nouvel album, était aussi parfaitement équilibré. Et accrochez-vous, "Gothic" a été interprété en seconde position ! Dire qu'il y a quelques années encore on réclamait pour rire les titres de cette période ! Le chant clair s'y adaptait très bien, sa longueur tranchait net avec le format plus classique adopté depuis longtemps. Mais ce choix qui comblait les vieux fans confirmait avec force l'orientation choisie avec "In Requiem" et à laquelle personne n'aurait franchement cru. Les nouveaux titres renouent avec une fibre Metal traditionnelle de par leurs arrangements toujours nombreux mais plus évocateurs, cinématiques et conformes au Doom des origines. Quelques vieux classiques comme "Enchantment" vont dans le même sens, et surtout l'inévitable "As I Die" que Nick semble toujours détester jouer… La facette Electro et Poppy présentée depuis de nombreuses années est passée en retrait. Elle n'est quand même pas oubliée et des titres imparables comme "One Second", "Erased", "Grey" ou "Say Just Words" en final ont été interprétés avec un beau succès. Vers le début du set cela avait été le tour de "So Much is Lost", au terme duquel Nick nous dit que c'était la première fois qu'il voyait un mosh pit se former sur ce titre ! Le public a été en effet bien chaud pour un groupe aussi retenu, battant des mains sur invite ou faisant quelques chœurs, slammant et pogotant parfois, tant la performance était enthousiasmante. Il nous ont fait sacrément plaisir, il y avait un excellent état d'esprit qui se communiquait au parterre.


Paradise Lost en live, c'est toujours les blagues de Nick Holmes couvertes par les intros, une guitare au timbre puissant et plaintif. Mais après des lustres de carrière et une discographie longue comme une nuit d'hiver, ils arrivent encore à repousser les limites en revenant à un style qu'ils prétendirent longtemps avoir banni, tout en lui apportant le savoir-faire des épures acquis pendant presque dix années à s'encanailler avec l'Electro Pop et la Dark-Wave. Peut-être que le groupe s'est retrouvé, réconcilié finalement avec lui-même quand il avait finalement réussi à prouver sa crédibilité dans l'évolution choisie. Une très belle soirée, lors de laquelle on a pu enfin recroiser quelques anciennes figures de VS comme Lustus ou Dark Tranquilou.

Punish Yourself Moshpit Hord Rockstore Montpellier 21 septembre 2007

Eh non, pas de France-Irlande en direct ce soir pour moi, mais le premier gros concert de l’année scolaire. La tête d’affiche très réputée dans la région avait ramené beaucoup de monde, le Rockstore était plein aux trois quarts. Des gens variés, quelques dégaines Mansonesques et deux filles grimées en infirmières dont tout le monde se souviendra !

Je suis arrivé alors que HORD commençait déjà à jouer. J’avais plutôt apprécié leur passage au même endroit en ouverture de Fear Factory il y a 18 mois, et je pourrais me contenter de redire la même chose. Ces Nîmois proposent un Power-Metal direct, qui fait penser à Kaizen, PanterA (surtout dans l’utilisation ponctuelle de la guitare en lead) ou Hatesphere. Les riffs sont basiques, plus conçus pour faire jumper un public qu’apprécier une combinaison de notes originale. Il faut trouver la particularité dans les samples et arrangements qui sont utilisés pour les intros et souvent en cours de morceau, ils apportent quelque chose à la manière d’un Fear Factory ou de certains groupes scandinaves plus récents. L’emploi de vocaux clairs souligne cette inspiration Cyber Metal. Vraiment bon sur scène, le sextet devrait chercher à progresser sur l’écriture des morceaux qui sont efficaces mais manquant encore de personnalité tant les principales influences restent visibles.

MOSHPIT, c’est un nom qui serait assez débile pour un groupe de Metal, mais ce trio Montpelliérain ne se classe pas exactement là. En effet, pas de batterie car il s’agit d’un mélange de Punk-HC violent et basique avec de la Tek tendance marteau-pilon aliénant ! Une guitare, un chanteur principal et un ordi pour gérer les beats sous la direction d’un membre qui pousse lui aussi très souvent ses braillements pour assister son compère. Derrière eux, un mur d’images saccadées diffusées à grande vitesse suggèrent tout ce qui semble les scandaliser dans notre société post-moderne faite d’industrie, de consommation massive, drogues, expérimentation animale, exploitation sexuelle, etc… Classique, finalement. Vous l’aurez compris, Moshpit fait quelque chose de très agressif et rêche. Je n’ai pas tellement adhéré parce que je suis allergique au poum-tchak quel que soit le niveau de BPM. Mais ce dernier était assez varié pour accrocher pas mal de monde et une bonne partie de l’assistance s’est trémoussée le popotin à un moment ou l’autre durant le set. Montpellier est une ville bien branchée Tek, c’est connu, et le groupe s’est taillé un certain succès pour s’être vraiment donné.

PUNISH YOURSELF, enfin ! Prolifiques et présents partout à la fois, les Toulousains ont acquis en quelques années une énorme réputation et tout comme Gojira, ils ont été propulsés par le petit monde du Metal méridional dans le rôle d’ambassadeur de choc. La bande à Vx bénéficie d’un large following de fanatiques qui connaissent bien les morceaux et qui savent, à présent, à quoi s’attendre – et c’est pourquoi sont-ils venus ! Je regrette l’abandon des grilles qui donnaient un aura inquiétant au phénomène. Mais la performance y gagne en chaleur, le groupe se rapproche incontestablement de son public. Il y a donc du stage-diving (quels idiots s’imaginant qu’on les laisserait picoler à la sauvette à la bouteille de vodka de Vx !), et du slam auquel Vx s’est adonné plusieurs fois dont la dernière avec le micro ! Toujours aussi possédé, jeté, il se dégingande et entraîne vite la salle dans son délire de zombie sous méthadone, la sueur diluant peu à peu ces peinturlurages fluos déjà légendaires. Quel charisme macabre ! Et surtout, il a fait de vrais progrès : son chant typique si nasillard est devenu fluide, comme l’a prouvé le début du rappel a cappella (précédant un monstrueux « Primitive »). À noter qu’il ne s’exprime qu’en anglais tout au long du set.
Plus largement, P. Y. a franchement gagné en précision, il n’y a plus ces moments d’approximation instrumentale. Et en Metal, le gain de précision signifie aussitôt démultiplication de puissance ; c’est toujours trippant mais c’est aussi devenu dévastateur. La chorégraphie aussi est toujours présente, avec une danseuse qui est venue sur à peu près la moitié des titres, tantôt en pom-pom girl d’Halloween ou pour nous balancer des flocons artificiels à l’aide de deux petits canons. Mais son grand coup, qu’elle a répété plusieurs fois, était de se passer une scie à métaux sur le ventre recouvert d’un plastron métallique, envoyant ainsi des gerbes d’étincelle à plusieurs mètres !!!
La setlist a fait la part belle à « Sexplosive Locomotive » dont le public maîtrise bien les titres, ce qui a favorisé la grandeur du succès. Les excursions instrumentales de « Cult Movie » sont laissées de côté, c’est le Punish à l’ancienne, le Punish de toujours – ou presque – qui s’est livré ce soir. Punish Yourself est aujourd’hui devenu quelque chose de vraiment énorme que je recommande à tous ceux qui peuvent apprécier de près ou de loin le Metal Indus. Le phénomène est près à conquérir de nouveaux territoires.

Scorn TAF Saint-Jean de Védas 31 octobre 2007

Les affiches de pure Indus ou Dark-Ambient sont rarissimes dans notre secteur, tellement qu'on avait un peu peine à y croire. Mais la TAF est une association qui fait depuis des années un travail remarquable pour faire vivre la scène alternative sur la région montpelliéraine, au-delà du Punk-Rock qui les motive principalement. Nombre de jolies soirées Metal ou HC sont déjà à leur actif, et une fois encore nous nous retrouvons dans la petite salle attenante au local de répétition que l'asso' loue dans une zone d'entrepôts de la banlieue sud-ouest. J'étais très curieux de l'affluence que j'estimerai à plus d'une trentaine de personnes, parmi lesquels les métalleux notoires n'étaient pas majoritaires loin de là. Le concert a commencé très en retard, pour un problème de livraison de matériel du groupe d'ouverture, je crois.

UZUL PROD est un groupe lyonnais de trois ou quatre membres qui recourt au mur d'images. Il n'est ni original ni bâclé, développant des thématiques diverses pour chaque morceau, évoquant surtout sous divers angles exemples d'oppression dans le monde moderne (guerres, dictatures, génocides, exploitation en usine, répression anti-drogue, etc.). Les rythmiques sont classiques et les effets oscillent entre Industriel et Dark-Ambient, un peu comme la tête d'affiche mais la ressemblance ne va guère plus loin. En effet, ils usent ponctuellement de la guitare ou de la basse. Les morceaux sont répétitifs mais c'est une des règles fondamentales du genre, on s'enfonce aisément dans leurs textures respectives. Le projet est cohérent et classique dans son genre, ce qui est gage de qualité. J'ai toutefois moins apprécié le dernier titre avec ses quelques accélérations. On comptait enfin quelques erreurs de goût, avec certains des samples vocaux qui étaient mal placés harmoniquement.

Heureusement par rapport au retard, on enchaîne très vite. SCORN est une légende vivante de la scène extrême, la chose de Mick Harris qui occupe la scène seul et sans illustration visuelle. Il n'a pas beaucoup changé depuis ses années dans Napalm Death ; son expression et son visage sont les mêmes malgré le rasage minutieux des cheveux. Il va s'affairer consciencieusement sur ses consoles, faisant montre sans ostentation d'un doigté subtil. Je ne connaissais qu'un vieil album ("Gyral") et quelques titres épars, je ne savais donc pas trop à quoi m'attendre car la discographie de Scorn est pléthorique bien que difficile à dénicher. Mais je m'y suis retrouvé tout de suite par rapport à ce que je connaissais. C'est une cacophonie travaillée qui se développe sur la base de rythmes doux et lents posés par de lourdes basses : chuintements, sifflements mécaniques, échos, résonances, réverbération discrète (recours parfois abusif à mon sens), souffles étranges savamment contrôlés, distorsions douloureuses, bruits non identifiés et chocs de divers matériaux. C'est une musique très cérébrale, hermétique et épaisse. La moitié de l'assistance au bas mot a fini par déserter progressivement au long d'un set interprété d'une traite sans interruption, ni aucune parole envers le public.

J'ai bien aimé cette soirée mais paradoxalement, il est bien possible que mon état de grosse fatigue l'ait favorisé.

On revient le lendemain pour une autre affiche moins prestigieuse mais plus conventionnelle.

jeudi 22 septembre 2016

Napalm Death Feral Moshpig TAF Saint Jean de Védas 20 septembre 2016

Jamais je ne fais plusieurs dates sur la même tournée, mais quand Napalm repasse au coin de la rue, l'exception est évidente. Surtout que les Anglais, increvables, montrent même une forme toujours croissante comme cela éclatait il y a deux mois à l'Xtreme Fest. L'affluence, bien qu'arrivant tardivement, était digne de l'événement dans la petite salle de la Secret Place, incluant les fidèles venant de loin. Le merch' était bien fourni en vêtements mais n'offrait "que" des albums rares de certains projets parallèles des membres de ND.

Autant dire que MOSHPIG avait la pression malgré la confiance affichée. La batterie de la tête d'affiche étant déjà installée sur l'étroite scène en coin, le petit kit du trio était quiché sur le côté droit. Avec leur Crossover Grind à la guitare écrasante, c'était l'échauffement idéal. Et au fil du temps la célébration du Mosh devient de mieux en mieux carré. Au chant Mathieu n'a jamais été un timide mais il maîtrise également mieux sa posture humoristique naturelle, qui mâtine de bonne humeur le gros déchaînement de violence. La fosse était déjà en fusion sur des riffs simples et des titres basiques dont on ne sait pas vraiment s'il y a des paroles, aux thèmes simples (par exemple, les cinquante secondes de "Black Metal" dont le riff dit tout). Après s'être jeté dans le pit, évidemment, et un set assez long d'une quarantaine de minutes, reste à voir jusqu'où le projet compte aller.


Comme autre produit local il y avait ensuite FERAL, qui regroupe pour sa part des gens expérimentés issus d'autres groupes plus connus de la ville (Stuntman, Morse…). En conséquence, la bête ne se montre pas souvent sur scène malgré un album à défendre. Et pourtant ce HardCore new school aux ouvertures Grind et Crust serait d'un niveau professionnel. Le son était remarquable, puissant, propre et impeccablement mixé, servant au mieux ce croisement abouti entre Converge, Today is the Day, EyehateGod, voire Kruger ou Fugazi et l'influence Grindy donnant de la méchanceté à tout ça. Clairement, c'était le paquet de riffs les plus complexes de la soirée, le contrepoint restant très plaisant du fait de sa compatibilité indéniable avec ce qui était venu avant et allait suivre après. Quelques purs Grinders étaient ressortis, mais avec la chaleur on les pardonne de nous avoir donné un peu plus de place. Le pauvre Rodolphe au chant a dû passer son temps dans le public, la batterie plus complète devant occuper cette fois le secteur habituellement dévolu à son poste. Son chant plus rauque donne une saveur particulière, le cri de fêlé étant plus habituel dans ce style-là.


Déboulant avec la même intro qu'il y a deux mois tirée du brillant "Apex Predator", je n'ai pas vu grand-chose de NAPALM DEATH pour cette énième fois en raison de l'exiguïté bien connue des lieux. C'était su d'avance. Ce qui m'a plus gêné est le son assez médiocre ou du moins peu à mon goût, l'unique guitare toujours tenue par John Cooke sonnait bien sale et mauvais Punk après Feral et la production plus Death Metal clean de l'Xtreme Fest, cela étant certes compensé par son toucher plus précis que celui de Mitch… dont les cris caractéristiques manquent tout de même. Pire, les caisses de la batterie faisaient horriblement aigrelettes. Oh, cela n'a pas gêné la formation progressive (en raison de la structure du premier titre) d'un pit devenant dingue dès la première accélération. C'était fou, et pourtant j'en ai vu d'autres.

Le point très positif pour moi restera que la set list était assez différente à quelques semaines d'écart, si bien même qu'avec cette bonne proportion de titres joués moins souvent sur scène, ou plus récents, et les enchaînements sans crier gare, j'ai eu parfois du mal à m'y retrouver (la set-list ci-dessous a été complétée avec setlist.fm, et vérifiée). Ainsi avec cette reprise de Siege, cet oublié "Mentally Murdered" qui comme le rappelait Barney est tiré d'un EP éponyme qui a eu une importance cruciale dans le cursus de cette légende vivante. Ses speeches engagés bien connus restent cependant assez consensuels par rapport à la radicalité de groupes encore plus UG (comment ne pas approuver que chacun a droit à la dignité et au bonheur ?). La promiscuité de la scène a certainement favorisé une interaction très forte avec l'assistance déchaînée, quelques-uns reprenant au vol et en anglais les assertions de Greenway (Shane interrompant même sa réserve scénique, pour une fois, c'est dire). Leur petit espace était constamment pris d'assaut par les moshers et, placé au bord de la zone de turbulences, j'ai réceptionné tant bien que mal un bon nombre de slammers à l'épiderme visqueux (pas évident quand ça glisse trop !!).

Au final, l'engagement général terminé sobrement sur les notes funèbres de "Copulating Snakes" demeurera dans la mémoire collective le grand fait de cette nouvelle soirée, au-delà de quelques réserves et d'une set list intéressante de mon point de vue. Je suis ressorti tout trempe alors même que je ne vais jamais dans la fosse, à cause de la sueur des autres ! Aussi pour une fois, j'ai traîné volontiers dans la courette avant de rentrer.

Apex Predator-Easy Meat/ Silence is Deafening/ When All is Said and Done/ Timeless Flogging/ Continuing War on Stupidity/ Dear Slum Landlord/ Scum/ Social Sterility/ Deceiver/ Suffer the Children/ Breed to Breathe/ Mentally Murdered/ Hierarchies/ The World Keeps Turning/ Conform (reprise de Siege)/ Lucid Fairytale/ How the Years Condemn/ You Suffer/ Nazi Punk Fuck Off (reprise de Dead Kennedys)/ Adversarial-Copulating Snakes

jeudi 15 septembre 2016

Goryptic Fleshdoll Infest TAF Saint Jean de Védas 1er novembre 2007

Retour à la fameuse "Secret Place" pour un autre concert organisé dans les locaux de la TAF par l'association Metal Command qui se consacre depuis quelques mois à l'organisation de concerts UG sur Montpellier. Ambiance cheveux longs, t-shirts, patches, les cornes bien en l'air et du vieil Exodus pour meubler l'attente. Le public était bien jeune, il y avait pas mal de lycéens ou de jeunes étudiants ce qui fait très plaisir ; j'y ai fait une paire de rencontres inattendues.

Les hostilités commencent avec un groupe local que j'aime bien, COMBUSTION SPONTANÉE. Ce quintet propose un Black aux riffs épiques, sous la nette influence du Thrash années 80. C'est accrocheur mais il n'y a pas de concept particulièrement typé derrière. Pas de warpaints, pas de sang ni de croix retournées, le bassiste est même en sweat-shirt rouge et baskets. C'est du Black violent mais non haineux. Les deux grosses guitares donnent un son identifiable et propre. Le travail rigoureux du batteur assure une interprétation carrée, le chant partant parfois dans les graves est bon. Les titres sont parfois un peu longs mais c'est prévisible dans ce style épique. On n'est quand même pas dans des plans alambiqués et encore moins les intros interminables, ce souffle belliqueux caractérise la tonalité des riffs qui rappelle l'esprit Black-Thrash du courant War-Metal. La première démo est épuisée, mais Combustion est clairement prêt à remettre ça et à s'exporter.

INFEST justement est un quartet qui tourne loin de chez lui, à Bayonne. Il n'y a qu'une seule guitare, c'est-à-dire pas de solis et un son plus équilibré, laissant de l'espace à la section rythmique. Infest joue plus sur l'énergie que la puissance, pour tout dire. Concrètement, cela donne un Death brutal assez Grind avec quelques intros de films. Cette fureur rappelle les premiers Kronos ou mieux encore les passages de Dying Fetus au chant aigu et blast, voire Blockheads pour la domination de la batterie. Pour une fois, le sympathique chanteur growle sans trucage ce qui renforce la sincérité, le côté direct et naturel de l'ensemble. D'ailleurs, les quatre gascons jouent bien mais ne sont pas complètement carrés. Il y a eu un wall of death, féroce comme un encierro. Enfin, cela s'est fini sur une reprise finale d'un groupe de Rock Basque bien éloigné de ce qu'on appelle habituellement sous ce terme, totalement Grind et n'ayant guère que la langue en commun avec Negu Gorriak !

Retour à la formule quintet avec les Toulousains de FLESHDOLL, dont le chanteur devrait figurer au Hall of Fame puisqu'il portait un t-shirt de VS ! De son côté, l'un des guitaristes est un vrai sosie de Finau Maka avec un sweat Lividity. Eux proposent un Death brutal classique quelque part entre Cannibal, Suffocation et le Death Evil. En fait, ils me faisaient penser à un Benighted qui emprunterait régulièrement la texture plus lugubre d'Immolation, Incantation et autres, comme cherche à le faire Deeds of Flesh. Hélas, la performance a été gâchée par un grésillement qui revenait à chaque mesure dans les enceintes. Le répertoire de Fleshdoll est également très direct bien que plus lourd, une reprise de Morbid Angel (vous savez, ce titre de l'album "C" avec ce riff inoubliable…) permettait de faire la différence sur cette approche plus rentre-dedans de leurs titres originaux. Une autre reprise finale de Motorhead (Orgasmatron) provoqua un beau chaos jusque sur la scène.

GORYPTIC était enfin la tête d'affiche. Le public fatigué est alors en partie disparu, moi-même commençait à être bien vanné et surtout, je savais que je n'accrochais pas à leurs morceaux que je connaissais. Mais ils ont tout fait pour éviter que ça ne retombe et ils y sont assez bien arrivés. Le son était pourtant moins bon et ils n'avaient qu'une seule guitare également. Tout en restant dans la voie d'un Death brutal et moderne, leurs morceaux se sont montrés différents de ceux des groupes précédents. Ils présentent des riffs et des ponts plus complexes qui les rendent plus surprenants et moins directs. Mais il s'agit d'un groupe très jeune, qui a encore une bonne marge d'évolution devant lui. On a eu une reprise d'Inhumate pendant le rappel, pendant laquelle le chanteur s'est payé un slam en miniature.

Une soirée bien brutale et UG comme on commence à en voir émerger grâce à Metal Command, qui nous a laissée sur les moignons.

Agnostic Front Sworn Enemy Evergeen Terrace Rockstore 21 novembre 2007

Quasiment un an jour pour jour après Sick of It All, c'est l'autre grande légende du HardCore New-Yorkais qui venait se produire au Rockstore. L'affluence a été pourtant moindre, peut-être parce que la tête d'affiche était déjà passée il y a quelques années (en Province, c'est suffisant pour démobiliser les masses…). Il y avait environ un gros tiers de Coreux de la jeune génération, un tiers de Skinheads et un petit tiers de Metalleux de tout poil.

EVERGREEN TERRACE a donc ouvert le ban devant une salle presque vide, le chanteur nous demandant si le HC vivait encore en France. Ce premier quintet joue du MetalCore très classique, alternant les passages plus ou moins incisifs et refrains mélodiques. À bien les écouter, ces mélodies font plus HardCore californien que Death suédois (d'ailleurs l'un des guitaristes porte un vieux t-shirt de Bad Religion) et sont, franchement, assez nauséabondes. Cette impression venait aussi des chœurs assurés par l'autre guitariste, qui chantait faux. Heureusement, le chanteur titulaire est meilleur à ce niveau en dépit de poses bizarres qu'il prit parfois (le manque d'expérience scénique d'un jeune combo). Les titres s'enchaînèrent, interprétés correctement mais non pas vraiment carrés tout de même. Le groupe tâchait de compenser en montrant son enthousiasme. Peu à peu, l'affluence croissante adhéra, les passages lents provoquèrent les premiers mouvements de boxe de l'ombre et Evergreen Terrace put s'éclipser avec la satisfaction du devoir accompli pour le jeune groupe qui chauffe la salle, sans pouvoir prétendre à mieux pour le moment.

SWORN ENEMY est un autre quintet beaucoup plus pro et velu. Le ton devenait beaucoup plus sérieux et le concert montait d'un niveau avec leur très bon NYHC New School, à la production métallisée. Du reste, l'un des guitaristes et le bassiste portent les cheveux longs et l'habillage noir des musiciens les feraient aussi bien passer pour une formation de gros Death Metal au moment où ils entrent en scène. Les riffs sont nettement plus agressifs, le groupe maîtrise à merveille l'art du BeatDown et de l'accélération et le public plus fourni fut aussitôt emballé. Il faut reconnaître que les titres sont assez mortels. Comme de juste, le chanteur au style très yankee asséna des harangues en vue de nous faire rejoindre un pit déjà bouillonnant, ou tout simplement acheter leur album (professionnalisme disions-nous). Si son timbre est rageur, il manque cependant de coffre comme je le remarque souvent dans ce créneau. Ce genre de groupe, tout en étant bien de son temps, souligne le lien étroit entre l'antique HC du début des années 80 (tel que la tradition en est conservée en Nouvelle-Angleterre) et notre bon vieux Thrash. Il y a le même sens du riff efficace à défaut d'avoir le même souci de construire des morceaux où les sons se répondent – comme aurait dit Baudelaire. Cette tuerie s'est achevée sans rappel alors qu'on en aurait bien repris une louchée.

AGNOSTIC FRONT fait partie de ces groupes fondateurs qui incarnent complètement leur genre sans imiter personne. C'est le NYHC Old School comme Motley Crüe est le Glam ou Entombed est le Death n' Roll suédois. Les titres se succédèrent presque sans pause. Ils sont simples mais bien construits, de vraies chansons, avec quelques authentiques hymnes délibérément rallongés pour qu'ils soient repris en chœur jusqu'à l'ivresse. L'assemblée meuglera même ensemble vers la fin le fameux cri de ralliement "oï ! oï ! oï !". Quelques titres plus récents se trahirent par des mélodies plus faciles, encore que d'autres plus anciens soient tout aussi mélodiques mais avec des plans plus brefs. Ils alternaient avec une majorité de morceaux plus directs, dans la grande tradition. En dépit de quelques solis bien sentis, les guitares sont moins poussées chez la vieille garde, c'est un trait typique de cette génération. Tout comme le chant très roué n'est pas beaucoup poussé. Il faut y voir un signe d'intégrité chez un groupe qui veut rester le même au mépris des progrès techniques. De toute façon, leur longue expérience fait qu'ils jouent très carrés pour le coup, donc pas la peine de se cacher derrière un mixage flatteur pour faire mal. La puissance vient en grande partie de la double grosse caisse qui roule très souvent (et ça, on aime).  Pour en revenir à l'attitude, la sincérité des déclarations d'affection aux amis et à la famille est palpable en ce qu'elle s'étend envers les fans ; dans ce style d'expression de la sympathie profondément américain, à la fois direct et ouvert, qui marque à jamais l'esprit du HCNY. De l'authentique ; du naturel ; une rage forte, sincère et sans arrogance. Le petit rappel assez délirant confirma l'excellent état d'esprit d'une soirée pourtant mal partie.

Tamtrum Herrschaft Nemesys Antirouille Montpellier 20 décembre 2007

Légèrement concurrencé par le passage de Mayhem sur Marseille au même moment, le concert de ce soir est un petit événement dans le paysage local. En effet, le Midi de la France (au sens le plus large) est un véritable désert martien pour ce qui est de la scène EBM, Harsh-Electro, Electro-Goth', Electro-Dark et compagnie. Passé Genève et Lyon, c'est une terre de mission. Une fois encore, l'Espagne est en avance sur nous car beaucoup de formations de la scène y vont en tournée depuis l'Allemagne ou la Suisse sans jamais s'arrêter en chemin. Sans parler du Mera Luna, un festival comme le Dark Omen ou les quelques concerts parisiens font rêver les quelques amateurs (dont la quasi-totalité sont également de vieux Métalleux). D'ailleurs, c'est l'association Metal Command qui a organisé ce concert, elle qui s'efforce de faire vivre le Metal Extrême UG à Montpellier depuis une paire d'années. Tamtrum représente donc quelque chose de fort y compris pour l'ensemble de la petite scène nationale, plus encore que Loudblast, Aggressor ou Massacra dans leur créneau voici quinze ans.
Il y avait donc de quoi se réjouir de voir une petite foule se presser dans le froid devant l'entrée de l'Antirouille. Un public plutôt jeune et parmi lequel certains étaient mis de façon excentrique, Gothique oblige. En tout cas, le coinsto avait répondu présent.

La première formation, N.E.M.E.S.Y.S., gravite dans l'orbite de Tamtrum. C'est un trio auquel s'ajoute une danseuse. La particularité tient surtout à la guitare qui vient renforcer une Electro-Dark dépouillée. Un petit mur d'images au-dessus de la scène, étalant des scènes SM (mais encore assez peu violentes dans le fond). Même thème en bas sur scène où la chorégraphe se dénude un peu, se fait palucher et prend diverses poses suggérant les mêmes fantasmes de domination soft, en passant la moitié du set attachée ou en proposant un coup de masque à oxygène au premier rang. Les morceaux sont pas mal, bien que tout cela soit sans beaucoup de puissance : le son est propre et bas, les rythmes nonchalants structurent un double nappage de synthé et de guitare parsemé de mélodies plus clinquantes à la Hocico. Bref, c'est classique dans le style. Un des titres est chanté en français avec des paroles hélas fort pauvres. Je ne sais pas quelle est l'ambition du projet mais c'était tout à fait adapté pour entrer dans la soirée.

Vêtus de noir, les quatre garçons de HERRSCHAFT proposent un Metal Electro surtout fait de Black New School et de boucles. Au départ, l'absence de basse surprenait mais cela se révélait sans importance grâce au bon batteur. Ce qui était beaucoup plus embêtant, c'était que les deux guitaristes masqués façon Hannibal Lecter ne pesaient pas du tout. Leur volume était affreusement faible. C'était le chant qui dominait l'ensemble. Difficile d'emballer dans ces conditions calamiteuses. J'ai mis cela sur le compte de la sévérité bien connue de la salle sur le point du volume sonore. Essayons quand même… Les compositions de Herrschaft sont simples, il y a quelques bons riffs et des boucles accrocheuses, en dépit de tout. À la longue, les derniers titres finissaient par décoincer les premiers rangs tandis qu'on sentait arriver la fin. Hélas, c'était au tour du micro de chant de connaître des problèmes. Il lâcha finalement sur le dernier titre (une reprise, je crois). Si l'on essaye de mettre à part les conditions épouvantables, ce jeune groupe a quelques qualités mais a encore bien du chemin à faire pour approcher des formations comme Kovenant ou Diablerie.

Je vous fais grâce de la "performance" aperçue de loin, où une jeune fille en résille se dépouillait partiellement et étalait du hachis frais et saignant sur un drap blanc tandis qu'une boucle passait en fond sonore…

Heureusement TAMTRUM débarque avec un vrai son, enfin ! Puissant comme il le faut. La soirée était sauvée, le public composé de nombreux fans était dedans dès les premières notes. Le trio Aixois fait donc de l'Electro-Dark aux influences claires, venues d'Outre-Atlantique, dans la droite lignée de Velvet Acid Christ ou Hocico et assez distante de la tradition de l'EBM nord-européenne. Il y a une batterie pour donner de la vie à l'ensemble, selon une pratique bien connue dans le milieu. Le micro n'était pas beaucoup plus en forme au début, mais grâce à la longue incursion d'un roadie sur scène en début de set, toutes les mises au point nécessaires furent faites.
Une musique symphonique et pompière qui s'assume, noire et agressive, à laquelle les Provençaux rajoutent une bonne couche de lourdeur et de rapidité dans les beats. J'avais tendance à voir dans ce procédé une manière facile de brouiller une filiation visible mais en Live, cela donne une efficacité redoutable. Je n'ai pas cessé de danser comme les trois quarts de l'affluence, tels une assemblée de réplicants. Je ne connais que quelques titres (j'en ai reconnu plusieurs) mais un novice peut rentrer facilement dedans en suivant le rythme. Les fans étaient aux anges et les groupies eurent le plaisir d'intervenir plusieurs fois pour faire les chœurs. En fait, il n'y a qu'un inédit au rythme bizarre qui passait plus difficilement. Mais à défaut de beaucoup varier les sonorités, le set alternait intelligemment les rythmiques.
L'expérience scénique des prouvençous se sent, par leur aisance et le charisme retenu du chanteur (auquel le rasage de tête va pas mal). Malgré un tenancier réticent, ils nous ont offert un rappel vite torché avec deux titres brefs, encore plus bourrins.
Les Aixois n'ont certes rien inventé dans le courant de l'Electro Goth' où ils se placent – et que j'ai délaissé depuis quelque temps pour ma part. Mais ils tutoient largement Grendel ou Punto Omega et mériteraient de s'exporter dans les pays où cette scène marche mieux.

Au final, un nouveau succès vient récompenser le risque pris par Metal Command.

Super Beatnik Spinningheads Mojomatic 18 janvier 2008

En cette chaude soirée de janvier, c'était la grosse affluence au Mojomatic, entre le public du bar qui marche pas mal dans un secteur de la ville qui redevient tendance, et un public un peu différent pour chacun des groupes annoncés pour ce concert gratuit. L'occasion donc pour pas mal de rencontres, dont l'occasion officielle était de fêter la sortie de l'album de Super Beatnik et les nouveaux titres des Spinningheads. CONDKOÏ annoncé au premier round ne sont pas venus parce qu'ils avaient préféré une date ailleurs.

À ce jour, SPINNINGHEADS est certainement le groupe que j'ai vu le plus souvent. Cette fois, ce fut de loin tant il y avait de monde. Le son était gros et plus propre que d'habitude avec eux, la basse vrombissante jouait en parfait accord avec la guitare. Toujours aussi tourmenté, Abel a connu quelques pépins de chant. Cela a rapidement commencé avec quelques essais de chant clair sur les nouveaux titres, pas très heureux il faut dire : sur l'un des premiers titres, la première vocalise était douloureusement à côté – pas de souci sur le rendu habituel du timbre par contre. Ensuite, le micro a lâché plusieurs fois. À l'inverse, la distorsion parfois utilisée rendait un excellent effet lorsqu'elle était employée, ce qui renforçait le contraste et focalisait l'attention sur tout ce qui pouvait se passer sur le chant.
Le nouveau répertoire, cependant, ne dévie pas. Il témoigne de quelques progrès. Si la clarté des influences est régulièrement reprochée, le quartet a tâché de glisser discrètement des idées à lui comme ces distorsions ou d'autres, instrumentales et pertinentes. Pas de quoi désorienter les vieux fans (on ne change pas le jeu, si j'ose dire) mais un réel souci d'avancer un peu. Helmet, Fugazi ou Will Haven restent très présents mais le collectif fend son armure. Malgré la galère de chant, la sauce a mieux pris que la dernière fois. Je crois que le groupe cherche à tourner, si vous voulez les aider…

SUPER BEATNIK était donc la star ce soir. Le groupe est un trio aux trombines impayables, dont le chant est réparti entre le moustachu guitariste (plutôt la première moitié du set) et le bassiste (plutôt la seconde moitié). Je crois qu'il y avait un guitariste de plus à l'époque, il a dû se passer des choses depuis un an et demi que je ne les avais pas vus. Musicalement, c'est entre Motorhead, Zeke ou les Ramones, avec une large ouverture sur le groove apporté par le Stoner. Voir Super Beatnik, c'est comme aller dans un monde parallèle où la NWOBHM n'aurait jamais vu le jour. Les titres sont simples et franchement courts. Le son était vraiment bon, plus charnu que les fois précédentes malgré deux chants un peu trop "yaourts". Tout cela fonctionne bien grâce à "Chinois", l'excellent batteur qui donne beaucoup en martelant ses fûts avec puissance et précision alors qu'il est constamment sur la brèche. Pas besoin d'avoir un kit pléthorique pour notre Fast Eddie Clarke à nous, qui est sorti épuisé.
Depuis toujours, le projet cultive l'humour et ne se prend pas au sérieux. La bonne humeur était encore plus présente que d'habitude, car ils étaient très contents de fêter cette sortie, comme une bonne réponse à ceux qui n'y voyaient qu'un projet de dilettantes. Cette joie, qu'ils disaient et montraient par la caricature de quelques gimmicks de scène classiques, était communicative. Une partie du public n'a pas tenu à cause de la chaleur. Il est vrai également que les morceaux sont faits pour être appréciés sans réfléchir, assez similaires en dépit de quelques riffs plus marqués de temps à autre.
Bref, un bon concert typique de ceux que l'on vit avec toute cette bande de groupes de chez nous.

The Old Dead Tree Blazing War Machine Victoire 2 Saint-Jean de Védas 1er mars 2008

Enfin ! En-fin un concert excitant dans le quartier ! Laissez-moi vous parler un peu de cette salle d'une zone d'entrepôts de la banlieue. Victoire 2 est une salle gérée par le Conseil Général, qui avait largement concurrencé le Rockstore pour accueillir de belles affiches au cours de la décennie 90 : Morbid Angel, Paradise Lost, Fear Factory, Obituary, Napalm Death s'y étaient alors produits. Il y a quelques années, la salle fut fermée pour réfection complète mais depuis sa réouverture, il n'y est presque plus question de Metal (le Reggae et autres musiques politiquement rassurantes, par contre, ils en bouffent…). Depuis la vieille époque, le local a été entièrement élargi et la billetterie déplace pour donner beaucoup plus de profondeur également. C'est devenu une belle salle très spacieuse et peut-être un peu froide pour les affluences moyennes comme ce soir. Nous étions 200 personnes environ paraît-il, pour une affiche très éclectique.

Je suis arrivé un peu tard ce qui m'a fait rater HYPNO5E. Ceci dit je n'ai jamais accroché à ce groupe de chez nous qui, heureusement pour lui, n'a pas eu besoin de moi pour se tailler un beau succès à la suite de la sortie de son premier album.

Alors nous commencerons avec MYSTRIAE, un quintet qui sort de je ne sais pas où mais bien méridional à l'accent du chanteur. Le style est immédiatement reconnaissable : c'est du Heavy de tradition, dans la lignée de Judas Priest pour situer. La guitare rythmique est propre mais pas très poussée, les solis impeccables, le chant juste mais limité. Même si ce n'est pas du tout ma came habituelle cela reste du Metal et je me suis laissé aller à taper du pied parfois… Mais les gimmicks Heavy étaient gênants comme faire tout le temps les cornes, prendre la pose pour les photos pour l'un des guitaristes. Après tout, cela fait partie du délire et les fans de Metal pour Troll des Cavernes doivent se rappeler que ce style-ci était présent avant et que sans lui peut-être… Ce qui était plus profondément gênant, c'est qu'on a attendu pendant longtemps que ça accélère, comme sur certains vieux Priest. Du Heavy jamais Speed. La double roulait souvent mais le rythme ne se lâchait jamais. Ce qui fait que j'ai finalement décroché et qu'on est parti boire un verre au fond avec Xavier d'Overmars qui faisait le chauffeur pour la tournée. En gardant une oreille sur ce qui se passait, il s'est révélé qu'à la fin du set le dernier titre le batteur trouvait enfin la cinquième ! Choix artistique de rester dans l'esprit des tous débuts du mouvement ou incapacité du batteur à tenir un rythme plus élevé ?

BLAZING WAR MACHINE joue carrément à six, deux membres sont issus de Dagoba : le batteur et l'un des deux guitaristes. Dès l'intro et si jamais on avait aperçu les dégaines, il était évident qu'il allait s'agir de Black new school à claviers. Les morceaux de BWM sont plus agressifs et plus modernes que du Black Sympho. Le synthé est omniprésent, donnant des motifs simples qui viennent souligner les passages les plus accrocheurs, en les rendant assez dansants. Ce qui rapprochait finalement surtout du Black Sympho Electro de Kovenant ou de Daemonarch (le projet Black de Moonspell). Je suis bien rentré dedans. Le côté théâtral se retrouvait dans les looks assez léchés et un peu fashion, les poses évocatrices du chanteur mais peu autodestructrices ni spécialement malsaines. Il a aussi la drôle de manie de répéter souvent le nom du groupe. Ces détails trahissaient clairement qu'il s'agissait plus d'un groupe de gens qui écoutent du Black que de Black puriste. Il est plus question de faire plaisir et se faire plaisir que d'exprimer quelque effrayante noirceur ; il n'y a nul sentiment de danger ni de méchanceté authentique mais personnellement, la true-itude, ça m'est bien égal. L'expérience acquise ailleurs profite : cela joue très bien à tous les postes (notamment le chant même s'il n'est pas hurlé), l'aisance scénique convainc le spectateur et par dessus tout, cela apprend à écrire des morceaux efficaces. Je trouve  même que le projet est mieux positionné à mon sens dans son créneau que Dagoba dans le sien. J'aimerais bien l'avis des connaisseurs. Je crois qu'il y a eu une petite reprise casée sur la fin mais je n'en suis pas sûr. Comme ils disaient, "Mangez-vous les uns les autres".

THE OLD DEAD TREE était déjà venu en 2003 au Rockstore avec Paradise Lost comme Manuel le rappelait. Les cheveux sont plus courts mais le répertoire plus étoffé. Le trait le plus frappant de TODT est la voix de Manuel. Chaleureuse, expressive, claire et nouvellement puissante, car elle ne l'était pas jadis. De plus, il est capable de passer sans peine à un excellent growl. Il ne faut pourtant pas se laisser complètement happer par un frontman charmeur, car les autres musiciens, plus en retrait, apportent beaucoup à leur Doom-Rock. L'accordage n'est pas très bas et les riffs ont des sonorités très variées, loin d'être toujours lourds. Ils sont fréquemment répétés de manière lancinante, à l'image de toute peine que le cœur ressasse. Le groupe maîtrise étonnamment bien pour un groupe français l'art des contrepoints mélodiques et des arpèges, qui incluent parfois la basse. Il y a enfin quelques effets, comme ce bruit de vieille pendule parfaitement amené. Manuel a eu à subir quelques problèmes de guitare qui n'ont pas beaucoup gêné dans les faits. Cela fut plutôt l'occasion de se montrer tout autant à l'aise pour chanter les mains libres, en profitant pour occuper tout l'espace scénique à pas bondissants. Quant à s'excuser de problèmes de chant, franchement, on ne s'en serait pas aperçu ! Un rappel fut réclamé à grand et joyeux cris par l'assistance qui avait régulièrement participé par applaudissements (c'est le Midi). Mais il était plus réactif sur les anciens titres, mieux connus. On sent une petite évolution vers une musique plus Rock et légère, comme si l'on passait doucement de Katatonia vers Anathema. Lors du salut final, le nouveau batteur était tout ébaubi que ça se soit bien passé ; il avait parfaitement assuré. TODT est certainement l'un des groupes français les plus talentueux, sans avoir besoin de chercher à paraître original.


Mumakil Stuntman TAF Saint Jean de Védas 21 mars 2008

Le vendredi Saint est un soir rêvé pour faire un concert de musique extrême. C'est un peu grâce à VS que cette soirée a pu avoir lieu puisqu'à l'origine, le batteur de Mumakil Seb avait posté sur ce forum une demande d'aide pour monter une date à Montpellier ou Toulouse. J'ai répondu en donnant un contact sur quelqu'un qui a l'habitude, et cela a marché. C'était la première fois que je participais, même de très loin, à la mise en place d'un concert et je peux vous dire que ça m'a fait très bizarre de voir les affiches en ville, les entrefilets dans la presse locale et tout le reste. En effet, le public est venu nombreux dans la petite salle de l'association "Tout à Fond" (la TAF pour les intimes, j'ai déjà dû vous en parler) pour en prendre plein la figure.

Le spectacle commençait avec DIPLOMATIC DRONE DISASTER, un quartet local que je ne connaissais pas encore et qui joue beaucoup à l'énergie, mais avec de bons titres. Ils font un HC New School avec une tendance Noisy bien sensible, et quelques chœurs. Ça me faisait penser à Refused au bout d'un moment, voire Botch ou les vieux Converge en plus lourd. Le son un peu sale et la légère approximation de l'interprétation n'étaient pas franchement handicapantes car les morceaux étaient plutôt simples et bons et que tout était joué sur la fougue qui était contagieuse, notamment devant ou quelques drilles faisaient des pitreries. La basse – tenue par un nouveau père – s'affirmait à mesure ; elle était très poussée au mixage pour pouvoir caser régulièrement des petits ponts mélodiques ou faire le contrepoint de la guitare et du chant. Pour mettre autant en avant l'efficacité et la puissance on sent le jeune groupe, tout à fait dans la lignée de la petite école du HC Noisy du Bas-Languedoc, mais qui fait déjà quelque chose qui tient debout.

STUNTMAN est un autre quartet de chez nous, plus expérimenté et non signalé sur l'affiche officielle. Le groupe a aussi beaucoup d'énergie, une plus grande maîtrise instrumentale d'où une plus forte puissance, cela fait plus mal sans être plus lourd. La principale raison est tout simplement qu'ils jouent plus carrés. Au départ, leur style paraissait assez semblable avec une première partie de set axée HC moderne et Noisy aussi, avec même un premier titre qui passait par quelques blasts. Il y avait quelques longueurs mais le groupe était bien dedans et envoyait violemment. Une reprise de Tantrum était ainsi joliment réappropriée. Puis la seconde moitié a intégré beaucoup d'influences Stoner, des riffs et des roulements de batterie à la Motorhead qui suggéraient à l'assistance des mouvements plus souples après une performance aussi directe. Et enfin une autre reprise, le "Sweet Leaf" de Black Sab', venait conclure cette seconde mi-temps. Elle était aussi bien adaptée au style propre du groupe, plus incisive que l'originale mais sans perdre son groove.

MUMAKIL venait donc commencer chez nous une nouvelle tournée, à peine échappés des neiges qui s'abattaient sur leurs grands monts. Ce troisième quatuor s'est imposé en un seul album et quelques splits comme l'une des meilleures formations du circuit Grind Core, autant dire l'une des formations les plus extrêmes au monde du strict point de vue musical. Cette outrance n'est pourtant valable que si elle reste audible, et c'est pourquoi le set a été précédé d'une balance minutieuse y compris pour les retours. Très vite, ce fut la folie dans la fosse, les joyeux lurons du pit ont pu passer au pogo déchaîné – avec Spiderman en personne. Ce fut une énorme tuerie, et je le dis alors que j'ai horreur de galvauder ce terme. L'extrême brutalité de leur GrindCore emprunte au Crust des origines. Si l'on a coutume de les rapprocher des formations légendaires des débuts d'Earache et des regrettés Nasum, j'y trouve en effet une petite touche à la Disrupt ou Inhume Aucun sample introductif ou drolatique, pas de passages groovy, pas de grain de folie déjantée qui viendrait humaniser comme chez Terrorizer ou leurs héritiers. Pas de cause revendiquée. Tout est sous contrôle, et on songe peut-être à Brutal Truth à cause de la variété des vocaux. On dirait qu'ils sont interprétés sans forcer. C'est dire l'impression de puissance de l'ensemble, atteinte par une interprétation admirable de vitesse. À regarder les doigts courir sur les manches, ça paraît facile. D'autant que tout c'est passé dans une ambiance joviale, "des bières !" réclamaient-ils ! Ce déferlement de puissance comme un amas météoritique en pleine poire, ne nous a pas privé d'un petit rappel de trois titres, comme une décharge à défragmentation pour achever les survivants.

Nous n'avons pas eu SCD, Brutal Truth ni Total Fucking Destruction lorsqu'ils sont passés mais toute frustration est à présent balayée. Au reste, l'offre de concerts se redresse depuis quelques semaines et le printemps est plein de belles promesses. Sur ce, je vais raccommoder mes morceaux.


dimanche 11 septembre 2016

The Sisters of Mercy Razzmatazz Barcelone 9 septembre 2016

Les Sisters of Mercy, c'est de très loin mon amour musical qui a été le plus lent à s'épanouir. J'en ai entendu parler dès le lycée, j'ai écouté les premières fois en étant étudiant, j'ai apprécié et acheté à la trentaine, et mes a priori sur les albums dirigés par Eldritch seul se sont dissipés il y a une paire d'années seulement… On sait également qu'à cause d'un mystérieux contentieux avec la France les concerts y ont été exceptionnellement rares. Moi-même j'ai dû renoncer lorsqu'il était venu à Toulouse en 2011, et depuis je guettais sans trop y croire une occasion avant sa retraite. Elle s'est enfin présentée lors de cette mini tournée en Espagne avec une date assez commode à Barcelone.

C'était donc au Razzmatazz 2, salle qui fait partie du complexe légendaire mais dont l'accès est distinct par une autre rue. Depuis quelques jours c'était complet, malgré la présence à l'Apolo des Eagles of Death Metal ce même soir (ces derniers ont eu les honneurs de la presse du lendemain, eux, inutile de vous expliquer pourquoi). Si le public était en moyenne franchement mûr voire plus et bien plus, une poignée de chavales ayant le privilège de ne pas être de leur temps étaient là aussi. Beaucoup arboraient des t-shirts à la gloire des Sisters, mais aussi quelques-uns rendant hommage à des classiques du Rock britannique, voire de Metal extrême chez des trentenaires… et bien peu aux couleurs de groupes Goth-Rock, finalement. Dans une ville autant cosmopolite, on comptait bien sûr quelques étrangers dont beaucoup d'Allemands. Et en montant vers la salle à l'étage je rencontrais d'ailleurs Metropolis, de feu le forum de VS, venu d'encore plus loin ! Si la salle est assez vaste et banale, je remarquai l'absence de sortie de secours visibles.

En l'absence de première partie on pouvait se placer tranquillement vers le devant à mesure que ça se remplissait, et une assez longue attente venait encore avant l'heure pile de départ.

Comme placardé sur la porte d'entrée, la formule archi connue maintenant de la fumée et les strobos aux couleurs vives prenaient la scène dès les premières notes d'intro de "More", titre parfait pour cela. Après son programmateur et ses deux guitaristes (toujours les mêmes depuis des années, le line-up le plus stable de l'histoire…), l'idole entra sous la clameur, en treillis et sweat perpétuant le contrepied dérisoire dans lequel "Eldritch" se complait.
Dissimulé dans ce brouillard aux couleurs changeantes et derrière ces increvables lunettes noires, il était également écrasé par les deux guitares au son clair et surmixé. La boîte à rythme et la basse (eh oui, même la basse est programmée) étaient également réduites à une sonorisation congrue par rapport aux versions studios ; c'est certes fréquent mais assez préjudiciable pour la partie rythmique. Le chant s'avérait carrément faiblard au fil des titres, c'était patent dès "Ribbons", évident dès le final d'"Amphetamine Logic" (couvert par le public de toute façon) et "Body Electric" devenait méconnaissable en raison d'une totale incapacité à monter dans les aigus. Ce n'est plus qu'un murmure, compensé par les fameux cris à plein volume et surtout sauvé plus d'une fois par les chœurs de Chris et Ben aux guitares, le premier singeant ouvertement le patron avec ses propres lunettes de soleil et sa calvitie.

Et puis plus largement, l'enchaînement sans temps morts en versions souvent accélérées suffisait à emballer le public, qui était prompt à reprendre les grands refrains. Certains concerts sont des célébrations et non des spectacles. Ce choix de renoncer au délaiement caractéristique des versions studios est payant, de mener au trot les versions live sans guère de pauses, voire de servir des medleys (commencer "Dr Jeep" pour en faire "Detonation Boulevard" par exemple. Une cigarette fine esthétiquement coincée entre les doigts Eldritch déployait son charisme propre, sobre et travaillé, parcourant la scène en plein brouillard et se courbant vers le premier rang, accordant quelques rares signaux gestuels aux fidèles sous l'emprise, posant fréquemment, prenant son guitariste par l'épaule, la communication par la parole demeurant minimale.

Comme pour rappeler aux fans ébahis qu'ils sont encore loin de posséder la pleine connaissance de leur idole, la set list comportait pas moins d'un quart de titres tirés de Sisterhood ou encore inédits en version studio, qui laissaient la foule plus réservée. La nonchalance affectée tombait quelques brefs instants lors de deux petits pains sans gravité, la réaction vive et immédiate du chef trahissant la préparation millimétrée et sa forte autorité (dans le respect de ses bons domestiques toutefois)…
Le mur de guitares puissantes et propres se fendit enfin par moments, laissant place par exemple à une "Marian" fort correcte, virant au cristallin pompier évidemment à l'entame d'un "Dominion" fédérateur et irrésistible, discrètes pour un sublime et inattendu "Valentine" et finissant sur les premières notes scintillantes de la version remaniée de "Flood II" m'ont collé un frisson comme je n'en avais plus eu depuis longtemps.

Les rappels revinrent globalement à des classiques énergiques, Ben Christo alliant acoustique et accélération pour "First and Last and Always". Vinrent enfin un "Temple of Love" élagué et nerveux, et enfin les trois comparses mimant un calvaire avant un rageur "This Corrosion". Une heure et demie pile, une vingtaine de titres.
Le temps que ça se vide par la seule petite sortie, on pouvait se faire inviter à s'hydrater et faire un tour tranquille au merch'.

Après un retour sans histoires j'ai passé un excellent séjour, merci.

Au-delà d'apparitions rares et d'une discographie bloquée depuis plus de vingt ans, il est clair que tout est pensé et maîtrisé pour pérenniser un statut de projet culte et fascinant qui flatte cyniquement l'ego d'un maître incontestable : sobriété et désinvolture affectées malgré un professionnalisme certain, contrepied vestimentaire, quasi absence de communication et retrait dans la brume artificielle, couleurs saturées, bonne place offerte à des titres méconnus… tout cela laisse cependant le spectateur heureux d'avoir enfin participé en plein consentement à cette gentille escroquerie, devenue ainsi doublement légendaire. C'est un sentiment très particulier.


More/ Ribbons/ Dr Jeep – Detonation Boulevard/ Amphetamine Logic/ Body Electric/ Alice/ Crash & Burn/ No Time to Cry/ Marian/ Arms/ Dominion – Mother Russia/ Summer/ Jihad (instrumental)/ Valentine/ Flood II

Rain from Heaven/ Lucretia/ Vision Thing

First and Last and Always/ Temple of Love/ This Corrosion

mardi 6 septembre 2016

Chimaira Maroon The Sorrow Dead Shape Figure Espace Julien Marseille 26 mars 2008

C'était ma première visite à l'Espace Julien. La salle est facile d'accès, près de la Canebière, avec un parking juste à la sortie. Il y avait une bonne affluence, un public assez jeune avec tout de même quelques dégaines plus extrêmes disséminées. À l'intérieur se trouvent un café bar et la salle proprement dite, qui donnent tous deux sur un hall d'entrée. Le stand de merchandising se tenait dans le bar, il n'était pas cher (les t-shirts sont tous à 15 €) mais plutôt moche à mon goût… J'ai quand même pris un t-shirt pour la peine, ce qui s'est avéré un bon choix comme on le verra plus tard. L'occasion de voir aussi que le bar a une bonne carte, avec vin et bière brune.

Dans la grande salle, DEAD SHAPE FIGURE était le premier groupe à jouer. C'est un quintet qui a joué son MetalCore mélodique et assez lourd dans des conditions difficiles. Le son était atroce. La batterie tintait comme du carton, la guitare rythmique sonnait très sale, le chant était étrangement rauque et brouillé (encore, cela semblait naturel) et cela jouait peu carré. On pouvait se raccrocher aux quelques solis, bien joués. Le groupe a tout essayé pour poser l'ambiance, venant chanter et jouer dans le public, jouant une reprise de "Davidian" dont la différence de style était sensible. Le crew a fait d'incessants allers-retours entre la console et la scène pour essayer d'améliorer un peu le consistant de la soupe sonore qui était rendue par les baffles. Cet handicap mis à part, c'est un groupe comme il en existe des wagons aujourd'hui, sans originalité et parfait pour ouvrir la soirée puisqu'ils ont provoqué les premiers pogos.

En dépit de leurs t-shirts de gros fans de Death et de Black de tueurs, le quatuor THE SORROW évolue dans le même style. La grande différence était dans le son, qui était très propre et rappelait ce que faisait Fredrik Nordstrom. C'était donc encore du MetalCore, mélangeant Heavy et HC New School. Les grosses power chords accrocheuses alternent avec des riffs à la Maiden ou des refrains tout aussi mélodiques. Le chant était bon et l'interprétation plus carrée, ce qui rendait quelque chose de plus efficace malgré les chœurs assez affreux du bassiste. Plus expérimentés, ils ont tâché de faire monter la sauce : le guitariste-chanteur a slammé (sur un passage techniquement basique, quand même), ils ont organisé en fin de set un excellent braveheart qui témoignait du bon état d'esprit général. Le spectateur se laissait aisément entraîner sur les passages les plus puissants (les power chords, disais-je) mais franchement, les enchaînements riffs Heavy – refrain – power chords pouvaient se faire dans n'importe quel ordre, personne ne s'en rendait compte. The Sorrow est dans le vent, efficace mais il n'y a aucune sensibilité perceptible, ils n'ont pas fendu l'armure. Encore un groupe sympa à voir sur le moment mais sans beaucoup de personnalité.

Dans ce courant MetalCore, MAROON fait déjà figure de vieux routier de la première génération. Je les avais déjà vu il y a deux ans à Toulouse et j'ai fait l'impasse cet automne quand ils sont passés à Montpellier. Je ne suis pas plus fan que des autres (question de style), mais force est de constater qu'on montait encore d'un niveau. Les Allemands conservent l'influence du Thrash des années 80 et 90 et cela donne une touche à leur répertoire. Leurs titres sont plus à même de séduire les vieux réactionnaires comme votre serviteur avec des intros en arpèges à l'ancienne, des riffs parfois plus Kreator que Maiden et généralement plus originaux que la stricte inspiration Heavy de la grande majorité de leurs compères. Leur expérience leur permet de ressortir de vieux titres qui font plaisir aux anciens fans. Sûr du jeu de ses collègues, le chanteur peut faire de l'humour, nous annonçant notamment que l'un des titres s'appelait "je préfère l'amour à trois", en français dans le texte ! Il m'avait déjà surpris en apparaissant sur scène vêtu d'un hoodie floqué Combichrist (un fameux projet Techno-Dark-EBM, se rattachant à la scène Gothique contemporaine, bien loin des goûts musicaux prévisibles chez un groupe comme Maroon, mais outre-Rhin on est beaucoup plus branché par ce genre qu'au pied de la Bonne Mère). L'aspect traditionnel fut resservi en touche finale, l'ultime morceau se terminant sur un repompage dévot de "Creeping Death".

CHIMAIRA est un groupe peu vu en France malgré l'importance prise par le sextet de l'Ohio au fil des albums. Ce n'est pas pour rien qu'ils ont ramené du monde de loin (Nice, ou Montpellier pour ma part). Dans la fumée, les effets de lumière multicolores et la clameur, ils prennent place et ouvrent le feu sans crier gare en enchaînant sans temps mort "Pure Hatred", "The Flame" et sa montée chromatique fascinante, "Power Trip" et "Nothing Remains" ! La bonne ambiance devenait dès le premier refrain une folie collective, qui gagnait enfin jusqu'aux gradins du fond de la salle (I ! hate ! everyone !). L'heure n'était plus à observer et ergoter sur les interprétations individuelles des musiciens, mais à vivre à fond leur musique. Pour autant, je remarquais que le mixage était le même que sur le dernier album, très équilibré entre tous les instruments. Ce qui transforme les titres plus anciens, jadis mis en boîte par Colin Richardson, où le chant et la guitare rythmique pèsent plus. Néanmoins, Rob Arnold s'affirme comme un grand soliste, spécialement mis en valeur sur scène lorsqu'il est à la manœuvre, à l'ancienne.
Les pauses sont rares, Mark Hunter – qui ressemble beaucoup à Igor Cavalera maintenant – prend rarement la parole entre les titres car pendant les intervalles, aussi brefs que possible, le groupe en profite pour boire et s'essuyer et repart aussitôt. Le dernier album est logiquement privilégié, notamment avec "Worthless" ou "No Reason to Live". "Cleansation" est même arrangé à la manière des morceaux plus récents, puisque Chris Spicuzza y ajoute en intro un sample genre extrait de film, saupoudrage également essayé plus discrètement sur d'autres titres encore. Quelques stage-divers se montrent, mais on peut les féliciter pour une fois parce qu'ils ont été rapides et bon esprit. C'est tellement rare… Le public ne lâche jamais un groupe lui-même très soudé. La force des liens entre les six rejetons de Cleveland, renforcée depuis le retour d'Andols Herrick et l'esprit collectif soufflant sur leur quatrième album, atteint évidemment son apothéose sur le titre "Six", emblématique de leur identité. D'ailleurs, Mark se saisit d'une troisième guitare pour ce titre qui touche vraiment le sommet, car cet ajout apporte enfin le petit surcroît de lourdeur que l'on regrettait auparavant. Pour l'anecdote, il se servira aussi sur ce titre de cet instrument dont se servait déjà The Gathering et dont j'ai oublié le nom, avec une tige métallique qui couine quand on approche la main. Il est remarquable que des compos aussi exigeantes que les leurs soient aussi des titres d'une puissance redoutable, emballant constamment l'assistance. Et au cas où on en douterait, ces titres se démarquent nettement du MetalCore, en brassant des influences différentes et surtout beaucoup plus larges.
Enfin, le titre éponyme "Resurrection" est joué, le groupe salue… et ne reviendra pas. Les lumières s'allument. Après une heure de présence, ils ne consentiront aucun rappel bien qu'ils n'aient pas semblé spécialement fatigués. Cette fermeté a aussitôt atténué la joie des spectateurs et mitigera quelque peu le bon souvenir qu'ils garderont quand même de la soirée. D'ailleurs, je n'ai reconnu aucun titre du premier album. Manque d'habitude d'être en tête d'affiche ? Excès de professionnalisme ? Il est vrai qu'au long du set, Chimaira donnait plus l'impression de professionnels qui adorent leur travail que de fans passionnés qui ont réussi à faire comme leurs idoles de jeunesse. Il y a une petite nuance importante, qui se sentait dans la faible communication, la perfection d'un set sans erreur, ni temps mort, ni imprévu.

Mais enfin, l'heure était au retour et la route devait être longue. C'était le boxon au vestiaire, j'ai pu récupérer mon pull mais pas ma chemise. Ce n'est pas la faute de l'orga' (les volontaires étaient sincèrement embêtés et je suis témoin qu'ils ont cherché minutieusement, et tout le reste de l'encadrement de la soirée semblait parfait). Mais c'est plutôt celle de la personne à qui on a donné un cintre où pendait un vêtement de plus que  ce qu'elle avait confié, et qui s'est bien gardé de le rendre tout simplement en disant que ce n'était pas à elle… Pas grave, c'était une vieille frusque et malgré toutes les réserves émises ici et là, cela restera un concert mémorable.

Knut Spinningheads TAF Saint Jean de Védas 22 avril 2008

Encore des Genevois chez nous ! Décidément, les liens tissés entre nos deux villes en matière de Rock qui détruit sont aussi forts qu'il y a quatre siècles au temps de la Réforme protestante ! Knut est l'un des plus assidus, depuis un vieux split CD avec nos Tantrum. L'affluence était un peu juste, à cause d'une promo' tardive et discrète en ville.

La soirée est entamée par PORD (orthographe ?), un trio apparemment lozérien, qui joue du New School. J'étais réticent sur le premier titre tellement l'inspiration Fugazi, Unsane et compagnie était évidente. Mais finalement l'a priori s'inversa grâce à un jeu bien carré pour ce niveau, avec une section rythmique très présente. Les titres n'offrent pourtant pas beaucoup de surprises. Le chant était assuré par le guitariste, qui est trop juste et part trop souvent dans des cris qui s'éteignent. Les parties plus instrumentales, importantes, étaient donc plus entraînantes. Les quatre titres joués en une vingtaine de minutes laissaient finalement sur une impression plus favorable.

SPINNINGHEADS saisit actuellement toutes les occasions de défendre son nouveau répertoire. J'ai mieux compris que la dernière fois où est-ce qu'ils veulent en venir maintenant, grâce à une interprétation mieux en place de ceux-ci. Ces nouveaux morceaux joués surtout au début sont clairement plus aérés, plus atmosphériques dans un style qui se rapproche un peu de Cult of Luna. Cependant, ils conservent un format de durée classique, ce qui les rend plus faciles à apprécier d'emblée que ceux d'un Overmars, par exemple. Et cela va aussi à l'encontre du schéma habituel de cette école. C'est le signe le plus évident qu'il s'agit bien d'une ouverture à autre chose et non pas d'un virage complet. Le nouveau style demande à Abel d'exécuter des passages plus clairs finissant par de vraies vocalises. La plainte et non plus la rage. Hélas, le rendu était très mauvais à cause d'un son globalement médiocre, qui donnait l'impression trop connue d'avoir quelqu'un qui chante dans un pot de yaourt. Le contraste offert par ces nouveaux travaux est assez net avec les "Japan" et autres vieux titres archi-connus de l'assistance, plus directs, qui ne sont pas reniés pour autant. Il y a une réelle prise de risque, comme en réponse à la critique qui avait frappé "Change the Game" au sujet d'un style trop proche de ses classiques, qui donne une plaisante impression de redécouverte pour une groupe tant et plus vu sur scène.

KNUT est donc bien vivant après quelques hésitations, preuve étant donnée par un set magistral. À mon goût, Knut c'est d'abord un son unique, ces guitares en quelque sorte enveloppantes grâce à un jeu rythmique qui laisse les notes vibrer, de manière à ce qu'elles soient quasiment toujours liées les unes aux autres. Le chanteur s'est surtout fait entendre sur une grosse seconde moitié du concert, commençant par se consacrer essentiellement à quelques effets sur sa petite console. Ce grand nombre de titres instrumentaux oppressants est aussi un trait caractéristique des Genevois. Parfois, le chant est quand même submergé dans la masse lors des parties les plus violentes. Il est fascinant lorsqu'il se borne à des cris rauques revenant lors de passages en boucle. Leur HC Noise est composé de façon classique mais toujours avec originalité. Knut prend un plaisir certain à déjouer les prévisions de plans qui s'ébauchent à mesure qu'ils se dessinent aux oreilles. Les grands principes d'architecture sont respectés, mais l'agencement des parties est savoureusement bâti à l'encontre de tous les codes. Cela donne un grand plaisir d'écoute même pour de faibles connaisseurs, car toutes ces petites surprises captent l'attention sur la musique pure, au-delà des questions de chapelles et de genres. Le riff se termine toujours un dièse dessus, deux notes plus tard, est joué plus vite qu'attendu, etc… En rappel fut joué un dernier titre idéal, long, obsédant et très lourd, avec ces cris rauques dont je parlais. Le quintet se retirait, l'un après l'autre, sur un interminable larsen.

Pour être complet sur cette belle soirée… je confesserai qu'une fois encore j'avais laissé les clefs de ma R5 dedans (vous savez qu'il y a une ruse pour fermer une R5 sans en avoir besoin) et que je m'en suis tiré grâce aux copains. Merci encore s'ils me lisent, ils ont le droit de se moquer, d'autant que ce n'est pas la première fois !!!

Black Cobra Saviours Mojomatic 27 mai 2008

L'affluence était moyenne dans la cave du Mojomatic, peut-être parce que la tête d'affiche était déjà passée à Marseille l'an dernier. De plus, les choses sérieuses ont démarré assez tard (à 22h, la première partie n'avait pas encore commencé).

Le premier groupe de la soirée était SAVIOURS, venu d'Oakland (comme Machine Head) aux dégaines typiques du Stoner. Le quartet fut long à se mettre en place à cause de difficultés techniques. Son style se confirme très vite. C'est du Stoner complètement pompé sur Black Sabbath. Le son était très bien à ceci près que le chant était comme sous-mixé, en bonne partie à cause d'un positionnement trop haut du micro sur son pied, gênant pour le bassiste-chanteur obligé de trop se tendre pour l'atteindre et qui n'a pourtant jamais cherché à l'arranger. Les titres s'enchaînent, sans aucune originalité mais avec de bons riffs, les plus simples étant les plus efficaces comme ceux de la seconde moitié de set. Ça joue fort bien, quelques plans de batterie ou une paire de riffs font un peu plus modernes. Néanmoins, les quelques accélérations ne doivent rien à l'esprit Punk (au sens le plus large) ni à Motorhead. Quand les solis se plaquent sur l'ensemble, ils sont tout à fait dans le genre psyché propre à ce style. Les types ont l'air sympa, c'était carré, agréable à voir mais pas inoubliable.

En fait de matos, BLACK COBRA se présente avec un outillage drastiquement réduit. Ce duo de San Francisco arrive avec une bonne vieille Les Paul et une batterie peu fournie. Ils offrent un Stoner très Noisy, laissant une grande place à la guitare rythmique, tout en riffs… mais proposant aussi quelques intros en clair, répétant une paire de notes en arpèges. Place au riff, donc ! Au riff lourd, éléphantesque comme au temps des 70's… auquel succède souvent un autre riff tordu, dissonant, rappelant parfois un instant Today is the Day. Si les premiers riffs, plus lents, sont marquants et très typés, les autres sont très Noisy et créent un contraste étrange. Un contraste assez fort pour venir me chercher dans ma fatigue et me ramener dans un concert dont j'étais mentalement près de sortir. Humainement, la forte complicité entre les deux membres est fascinante : ils se poussent l'un l'autre, se comprennent d'un geste ou d'un regard. C'est plus discret que certaines démonstrations artificielles de cohésion sur de grandes scènes, plus technique et proprement musical, mais c'est fort parce que chacun vibre sur la musique qu'ils jouent grâce à l'autre. C'est le moyen de passer au batteur qui joue beaucoup à l'énergie, poussant quelques accélérations arrivant jusqu'au blast authentique. Agressif et assez obscur, ce simple duo transmet plus que le quartet précédent. Black Cobra se dote à peu de frais d'une large palette, bien utilisée pour une manière de composer assez originale, évitant brillamment la voie du Sludge.
Sur ce, j'enfile ma capuche et je me lance vers mon chez moi à travers les ruelles et la brume marine qui a envahi la nuit montpelliéraine.

Dying Fetus TAF Saint Jean de Védas 16 juin 2008

Le Hellfest c'est loin, mais l'existence d'un gros festival en France a pour effet secondaire de favoriser le passage de bonnes tournées dans tout le pays autour de cette période de l'année. L'affiche de ce soir en est un bon exemple. En plus, fait rarissime, elle réunissait sur l'affiche deux groupes dont je suis fan. Alors déjà que lorsqu'il y en a un je suis tout excité, ce soir, j'étais au taquet !  Pour l'anecdote, je venais avec un ami qui débarquait du TGV car il était allé voir Ministry la veille à Paris ! Hélas, au final il n'y avait que la tête d'affiche. Le groupe Marseillais annoncé en ouverture serait parti trop tard de sa base, et The Grieving Process avait préféré partir outre-Manche afin de ne pas finir dans le rouge, quelque chose comme ça. Bien dommage …

Il n'y avait donc que DYING FETUS à voir ce soir, pour ma part c'était la troisième fois. La – désormais familière – Secret Place est une petite salle idéale pour le Metal Extrême le même format que le Crockmore de Perpignan où je les avais vu il y a cinq et six ans. Il y a encore eu des changements au line-up puisque cette fois DxFx se présente sous la formule du trio, sans Mike Kimball comme seconde guitare. Le set commença avec "Schematics" puis enchaîne avec deux titres récents. Il alternera des titres de "War of Attrition" et des classiques à la pelle : "Blunt Force Trauma", "Raped on the Altar", "Killing on Adrenaline", "Kill your Mother / Rape your Dog", "Praise the Lord", "Pissing in the Mainstream", "Grotesque Impalement" et j'en passe ! Les morceaux tirés du premier album ou des minis antérieurs sont nommément dédicacés aux vieux fans. Les temps morts furent rares malgré la mutation de la salle en véritable étuve. Je n'ai pas passé beaucoup de temps à regarder les musiciens, j'étais plutôt occupé à envoyer ma tête dans tous les sens sous le souffle des décibels. De plus, la scène n'est pas surélevée. Cependant, la maîtrise technique est saisissante. Duane Timeline tapote nonchalamment sur un set de batterie très réduit mais n'oublie aucune note, ne manque jamais un break et transpire à peine. L'inusable Gallagher est seul à la guitare, il n'a pas de seconde couche rythmique derrière lui lorsqu'il joue les quelques solos ou les ponts en lead qui sont fréquents sur le dernier album. Le bassiste assure les vocaux plus clairs, avec aisance même si le contraste qu'apportait Jason Netherton en son temps était plus intéressant. Si les compos sont lisibles, elles groovent et ne sont certainement pas insipides. Le pogo a démarré très vite, et les nombreuses filles présentes (peut-être un tiers de l'assistance ! impensable il y a quelques années !) n'étaient pas les dernières à headbanger. Pas de circle pit malgré l'invitation de Gallagher, mais c'est normal avec ce poteau près de la scène. Le son était parfait comme toujours.
Selon la mode américaine, il n'y a pas eu de vrai rappel : le dernier morceau fut annoncé mais deux autres ont été joués à la suite en suivant. Le carnage cessait dans un halo de sueur après une heure et quart pile, et on ne peut pas dire que DxFx ait molli avec les années et les pépins. La motivation du père Gallagher malgré les innombrables défections est payante : DxFx est devenu une institution du Death Metal, une référence intacte et non plus un meneur de la nouvelle vague ouverte sur le Grind et le HardCore comme c'était le cas lors de nos précédentes rencontres.

Il était alors temps de rentrer sous un orage torrentiel, vraie douche naturelle pas forcément désagréable à la sortie d'un tel massacre – j'étais en nage. Et en plus le nettoyage du véhicule était offert aux spectateurs pendant le concert ! Sérieusement, c'était un peu court à cause des défections, mais mortel !

Devildriver Eyeless TAF Saint Jean de Védas 2 juillet 2008

Pour le dernier gros concert de l'année, le record d'affluence à la Secret Place a dû exploser. Je n'avais jamais vu une file aussi longue à l'entrée de ces locaux, et l'on voyait beaucoup d'immatriculations de départements voisins autour de la salle. À la limite, on aurait pu délocaliser dans une salle plus grande comme la TAF le fait parfois, mais il y avait peut-être des considérations d'équilibre financier pour la soirée qu'il faut prendre en compte avant de faire cela. Et pour avertir tout le monde, aussi…

C'était sympa de revoir EYELESS dans une petite salle de leur ville d'origine, comme un retour aux sources après un certain succès. Le groupe n'a pas joué très longtemps, avec un son proche de celui de "Path to the Unknown", pas très puissant et un peu surprenant par rapport à celui que leur a donné Tue Madsen. Mais le groupe joue bien carré malgré ces conditions à l'ancienne. Ils n'ont pas joué que des titres du dernier album. Dans le contexte actuel, il est assez agréable d'entendre un Metal-HC qui a un pied posé sur l'héritage des années 90 en y intégrant le style des riffs limpides et mélodiques d'aujourd'hui.
Je n'ai pas vu grand-chose des musiciens puisque la scène est au ras du sol et qu'avec le paquet de fans agglutinés devant, c'était impossible. Il faisait déjà très chaud et il fallait tenir. J'ai apprécié le fait que le chanteur ait visiblement perdu quelques tics qui m'énervaient. Il y a eu un beau circle pit autour du poteau et un "braveheart" dans la diagonale de la salle (avec le poteau au milieu…).

Coal Chamber était l'une des formations les plus emblématiques de la scène Néo-Metal californienne qui a déferlé il y a une douzaine d'années, l'une des plus authentiques et emblématiques (mentionnée dans les remerciements du premier album de Korn). Dez Fafara était la caution extrême du groupe, il n'avait jamais caché sa passion pour des styles plus brutaux dans le Metal. Cela lui avait assuré l'estime des fans de Death et de Black à l'époque et quand il a fondé DEVILDRIVER, il a su progressivement rallier une partie de ce public, comme en témoignait la ferveur des fans ce soir. Le style de son groupe est assez atypique. Les riffs syncopés sont typiquement Néo, pas seulement dans leur écriture et leur interprétation au poil mais tout simplement dans le son, qui restituait l'authentique saveur de la lourdeur déjantée découverte dans le temps avec Ross Robinson. Le mixage a évité le piège – si fréquent dans le Néo – de trop pousser ces guitares rythmiques, au contraire il était idéalement équilibré une fois que le chant de Dez a été renforcé pour le deuxième titre. Du travail de pro, qui permet à l'autre guitare d'exprimer des solos qui apportent énormément à la musique de Devildriver. D'abord parce qu'ils sont excellents, et aussi parce qu'ils donnent un côté plus extrême et plus classique inédits dans cette base de Néo brutal. La batterie joue en totale symbiose avec la guitare rythmique, ce qui est la base caractéristique des plus anciens de cette scène. Le charismatique Dez parle un peu comme il chante, en roulant les consonnes et en donnant une forte intonation aux voyelles.
Le quintet a remporté un franc succès. J'étais juste devant la petite console des lights, où le type était complètement au taquet ! Il sautait, hurlait tout en bidouillant les commandes, il m'a même poussé dans le pit entre deux manipulations de spot avant qu'on le remplace et qu'il puisse enfin se fondre dans le pogo. Celui-ci fut paraît-il assez violent mais je n'ai pas trop vu ce qui se passait dans le magma…
Le set a dû durer une bonne heure, sans rappel consenti. C'est décidément une grande mode chez les Américains de tout donner pendant soixante minutes avec une technique au top et de tout arrêter d'un coup. Au reste, on ne va pas se plaindre parce que ce n'était pas un concert très cher et que la salle était devenue un véritable sauna : il était impossible de tenir les slammeurs tellement la transpiration les faisait glisser et tout le monde a dû perdre deux kilos en moyenne. Mais c'était bon !

SAGG Mojomatic Montpellier 11 octobre 2008

Enfin la rentrée des concerts après ma pitoyable étourderie au sujet de Kampfar et mon absence pour Will Haven. Le public était plutôt Blackeux en majorité dans la cave du Mojomatic, lieu familier en plein coeur de la vieille ville.

C'est pourtant une formation fort éloignée de cet univers qui va entamer la soirée avec un set interdit aux mineurs – vous comprendrez pourquoi. SAGG (Sodomie Aux Gros Graviers) se présente sous la forme d'un quintet venu d'Avignon, avec un batteur caché lors de quelques morceaux par un sombrero sur la tête et deux chanteurs. Le ton est donné par la projection en fond de scène d'un film porno amateur exhibant les ébats de quinquagénaires grassouillets. Et il s'agira bien de Porno Grind tout à fait semblable à Gronibard, Genital Grinder ou Depraved. Conformément à la dégaine des membres, le groupe n'a pas de facette Death à la Lividity et consorts. Mais derrière un humour très présent, il donne un répertoire intelligemment varié, alternant brutalité et passages en violents mid-tempo, titres ultra brefs ou de format plus habituel et donc un peu plus élaborés, voire avec quelques courts passages presque groovy. L'absence des samples a donné un ton plus direct au répertoire. Le son était classique pour le genre et les musiciens – qui fêtaient leurs dix ans de collaboration – maîtrisaient leurs instruments, ce qui est un point essentiel en matière de Grind pour être crédible et emballer. On ne peut donc pas les accuser de vouloir se cacher derrière leur humour omniprésent. En effet, le ton a été à la franche rigolade avec les vannes (souvent scato) que s'envoyaient surtout les chanteurs mais aussi le reste du groupe, reprenant Fernand Raynaud, jouant deux fois un titre ultra court ou "Satanus". Le sommet a été atteint lorsque ont été distribué des baguettes de pain et du camembert dans le public, pour reprendre en chœur les paroles de "Pain, saucisson, camembert et reblochon". L'assistance était conquise depuis longtemps, comme le prouvaient les pogos réguliers.
Je pense qu'il y aurait mieux à projeter en fond de scène, y compris en voulant rester dans l'humour gras, mais l'essentiel est surtout qu'on tient un groupe qui n'a pas de complexes à nourrir envers ses confrères plus visibles cités auparavant. Ça vaudrait le coup de s'accrocher.

Changement d'ambiance pour les deux autres groupes que j'ai brièvement suivi le temps d'un titre ou deux, parce qu'ils n'étaient pas du tout dans mon genre. NEO CULTIS est un trio sans batteur qui fait du Black Moderne souvent relevé de nappes symphoniques ou carrément Industrielles, et qui souffrait d'un son vraiment pas terrible. La projection de pentagrammes à bouc et d'images plutôt urbaines soulignait l'orientation moderniste. ALIEN DEVIANT CIRCUS est un duo avec l'un des chanteurs de SAGG et un guitariste, qui jouait avec un tissu noir lui tombant sur le visage, au milieu d'un cercle de petites bougies tandis qu'une rangée d'autres bougies bordait le devant de la scène. C’était encore une BAR qui remplaçait la batterie… Après une longue intro d'Ambient-Indus oppressante ils ont envoyé un Black au son très Raw et visiblement structuré selon des morceaux longs avec des breaks un peu après le milieu, à l'ancienne.
Je suis désolé pour eux mais ce n'est pas ma tasse de thé et comme il faisait très bon nous avons préféré remonter blaguer dehors puis aller en écluser une dernière ailleurs, sans rancune.


Il y a pas mal de bons concerts à la fin du mois, je vous en parlerai.